Billets qui ont 'clean house' comme mot-clé.

Rangement et trouvailles

Demain des ouvriers doivent venir enfin installer les stores choisis en septembre (délai dû à une rupture de stock de aluminium). Il me faut donc ce soir dégager les restes du déménagement non terminé entassé derrière la télé au deuxième étage. (Car la télé, ou du moins l'écran qui n'est pas une télé mais sert au DVD et au streaming, se trouve devant le haut de la fenêtre qui s'ouvre au premier étage: c'est donc là que seront fixés les stores).

C'est l'occasion de jeter des papiers, de classer quelques livres et d'en sortir d'autres des étagères pour les donner (des biographies essentiellement. Exit Sarraute, Duras, Claudel).

Je retrouve le Marque-Pages d'Orimont que je ne savais plus où je l'avais rangé: eh bien il n'était pas rangé mais en attente de rangement. Il est maintenant sur mon bureau.

Repassage

Il a fais beau trois jours fin mars et quelques jours mi-juin. A part ces deux épisodes, il fait gris, il pleut, parfois il ferait presque froid.
Je ne le dis pas trop fort mais ça m'arrange parce que j'ai la hantise de la chaleur sur l'eau. Je préfère un temps frais sans vent. La bruine ne me gêne pas.

Cependant nous avons dépassé mi-juillet et il devient de plus en plus probable qu'il fasse chaud à un moment donné. J'ai l'obsession de finir mon repassage avant la chaleur car le dernier étage est totalement inutilisable dès qu'il fait 25 dehors: l'atmosphère passe à 32 et ne redescend plus.

Je passe donc mon samedi après-midi à repasser devant Clan sur Arte. Je n'ai pas repassé depuis le 2 juin au moins; en témoigne la chemisette rose achetée au retour de l'enterrement de René dans la corbeille de repassage. (La bande de boutonnage était salie, la vendeuse nous a fait un prix, la chemisette n'a encore jamais été portée.)

Clan est un peu lent, chaque épisode fait avancer l'intrigue sur un plan, c'est très bien fait, irréaliste et amusant. Le beau-frère odieux s'appelle Jean-Claude, ce qui permet un jeu de mot en flamand pour l'appeler «La couille».
Comme toujours je souris en voyant les téléphones à clapet: 2008, un autre monde.

La maison de poupée

Résultat de quinze jours d'efforts. Je veux des applaudissements, des "oh" et des "ah".





Avril / septembre.

Il reste un tas à gauche dont je m'occupe dès que possible.

Par un clic droit les photos s'ouvrent dans un nouvel onglet.

Dimanche sans histoire

Un quatre le matin. Je suis au quatre, qu'au CNF on appelle le un et qu'à Fontainebleau ils appellent la vigie.
C'est joli.
Toujours pas d'accès aux vestiaires. La fédération en autorise la réouverture, mais avec de telles contraintes d'espace (les célèbres quatre mètres carré) et de nettoyage que le club y a renoncé.

J'ai trié un mètre carré (à vue de nez) de grenier: les posters, quelques planches, le sac destroy qu'on voit le long du radiateur, la radio-lecteur de DVD qui nous a accompagné dans la cuisine de longues années et qui va partir à la recyclerie. Le but est d'atteindre le fond à droite dans l'ombre de la photo, mais il faut se pencher dans les toiles d'araignée et je n'en ai pas envie.

Les cartons blancs de ramettes de papier contiennent les décorations de Noël, le coffre en plastique vert des petites voitures en bon état. C'est fou tout ce bazar qui met le cerveau en échec. Qu'en faire? Donner, garder, jeter. Certaines choses paraissent si dérisoires qu'on n'ose même pas les jeter.
Et puis avouons-le: je songe à Toy story 3 et au feu qui attend les ordures.
Il y a longtemps que je sais qu'avoir de l'imagination est une malédiction.


Photo panoramique prise à partir du seuil.

Deuxième tour

Quatre de couple à Fontainebleau. Je ne peux pas dire que je commence à connaître du monde, d'une part à cause de la rotation des vacances qui fait que ce ne sont pas tous les mêmes qui sont là à chaque fois, d'autre part à cause des masques.
Cette fois-ci nous sommes montés jusqu'à l'écluse de Champagne. J'apprends les règles de circulation sur le bassin.

La peinture de la mezzanine a craquelé au-dessus des étagères à DVD. Sans doute une fuite cet hiver. Les ouvriers vont repeindre dans la semaine. Nous avons mis les DVD en carton et emmené les étagères dans le box. J'en aurai profité à peine six mois.

Donné deux sacs de fringues à une voisine qui part deux semaines en Pologne dans sa famille. J'ai donné la robe que je portais pour le baptême de O. en août 2000, il y a vingt ans.

Commencé à trier des petites voitures, des billes (que veulent conserver les enfants?). Jeté le contenu de trois classeurs de cours, de première, deuxième et troisième années de licence de théologie. Ils étaient bien rangés, j'ai dû passer du temps à les classer à un moment de ses six dernières années. J'ai eu le plaisir de retrouver ma dissertation de théologie fondamentale de fin de première année (juin 2012). J'en ai perdu le fichier informatique et je pensais ne jamais la revoir. J'avais totalement oublié en avoir un exemplaire papier. Je vais la scanner.
Les classeurs vides iront à la ressourcerie. Comme dirait H., tout ce qui sera donné ou jeté ne sera pas à transporter.

Journée de reprise en main

Après une semaine de boîtes de conserve et de ramen je suis allée en fin de matinée à vélo chercher des salades et autres pamplemousses.
Surprise au retour: les voisins de la rue (c'est presque une impasse, une boucle à partir de la rue principale: ma rue ramène à son point de départ) sont tous sortis sur le trottoir, le cul sur une chaise, le verre sur un tabouret, et ils papotent à dix ou quinze mètres de distance dans le soleil printanier.

J'ai insisté pour que nous sortions la table de jardin et mangions au soleil — H. s'est si bien cloîtré depuis trois semaines qu'hier il a peiné à terminer sa première promenade d'une heure hors les murs. Retour au soleil, à l'air, au vent, aux oiseaux.

J'ai planté mes deux clous, la carte d'Australie est suspendue; j'ai scié la vigne, attaché le rosier grimpant. J'ai commencé à trier des papiers dans le grenier, jeté l'ensemble des documents de cours reçus en 2015-2016 (christologie, liturgie). Ces documents me paraissent lunaires, je ne comprends plus du tout pourquoi je me suis lancée là-dedans. Mais bon, je ne savais pas ce que c'était, maintenant je sais.

H. proteste qu'il y a trop de livres dans la maison, je rétorque qu'il y a beaucoup de fils un peu partout.
Photos prises à travers la maison dimanche dernier.





Depuis il trie et regroupe. Il ouvre des ordinateurs, change des cartes (aquand c'est possible car il n'a jamais la bonne sous la main), fait des sauvegardes. Ça m'amuse de le voir faire, j'ai l'impression de rajeunir.

Rangement

Après deux jours de recherche dans the room of requirement (bien plus encombrée que sur cette photo), nous avons remis la main sur la connectique de l'écran et de l'appleTV.

Pendant que H. en profitait pour jeter des kilos de papiers (et retrouver quelques souvenirs, comme le livre des logiciels Macintosh Apple de 1983), je reclassais les DVD. Comme nous avons hérité d'une partie de ceux de nos amis partis aux US, il y en a beaucoup dont je ne savais pas que nous les avions. Nous pouvons tenir quarante quarantaines.

Une douzaine de DVD ont été mis de côté, je les abandonnerai dès que possible dans le RER ou dans l'entreprise. Il paraît que Shaolin contre Wu Tong est le nanar absolu.


Mal parti

H. est à Nantes jusqu'à vendredi. Sans le lui dire, j'ai posé autant de journées de congé dans l'espoir de ranger la maison.
Je ne lui ai pas dit parce qu'il dit que ce n'est pas la bonne méthode, que cela ne sert à rien.
Pourtant je me souviens de l'avoir fait avec succès, ce doit être quelque part dans ce blog, avant 2010 peut-être.

Mais il faut reconnaître que c'est mal parti. J'ai ouvert L'Exil éternel d'Angela Rohr. J'ai fini l'introduction du mémoire. Je n'ai pas rangé grand chose.

Rangement, départ

Les travaux prévus dans la maison devraient commencer lundi (enfin, ils ont déjà été reculés d'une semaine et ils le seront peut-être encore. Ça ennuie H. qui aurait voulu faire passer les factures sur 2018 (optimisation fiscale)).

Comme je ne suis pas là du week-end, j'ai donc posé ma journée pour dégager le dernier étage. Difficile de dire que j'ai rangé, disons plutôt que j'ai entassé ailleurs. L'élan qui me poussait à classer et vider quand j'espérais que nous partirions aux Etats-Unis est bien mort — ou profondément endormi.

TGV à 17h19, direction Nice pour ramer deux jours. Je profite du voyage pour avancer les billets d'Alice et classer mes photos (Europe 2017 : nostalgie). J'aurais peut-être mieux fait de travailler sur le TG que je dois rendre par écrit puisque je ne vais pas y assister demain (galère!).

Arrivée à l'hôtel Saint Paul. C'est un ancien couvent et en première impression sous la pluie dans la lumière des réverbères, il est magnifique.
Pour moi, il présente surtout l'intérêt d'être à deux pas du club où nous avons rendez-vous à 8h30 demain.

Détour par St-Vincent-sur-Jard

Départ plus tôt pour prendre le temps de visiter la maison de Georges Clemenceau à St-Vincent-sur-Jard (visite en grande partie à mon bénéfice puisque mes compagnons l'ont vue l'année dernière). La maison est magnifiquement située face à la mer, au milieu d'un jardin soigneusement entretenu pour paraître naturel (ce qui me vaudra une troisième altercation). J'aime beaucoup le principe de cette maison, le principe de sa simplicité par opposition à l'importance du personnage qui l'habitait. Elle me rappelle, toutes proportions gardées (car il s'agit alors de la maison du maître d'une plantation), la maison de Washington face au Potomac, par le choix de faire du panorama le trésor de ces propriétés (le lit de Clemenceau surélevé pour profiter de l'horizon par la fenêtre1…).

La mer est basse. Les Ph's et moi mettons les pieds dans les flaques (moi dans la vase très glissante). Au-dessus du sable caramel, dans l'eau, flottent des moutons gris, des pelotes de poussière qui teintent les pieds en gris bleu. Béton ou ciment? Quoi qu'il en soit, cela devient croûte dure en séchant et j'ai bien du mal à m'en débarrasser plus tard.

Retour, retour. Première séparation à St-Vincent même, deuxième à la gare de La Roche, troisième dans le TGV de Nantes. Séparation en épis. J'interroge Ph. sur quelques nouveautés de la SNCF (le nom des rames, la durée des billets qui n'est plus de deux mois, etc). Il m'apprend que les conditions d'achat, d'utilisation, d'échange ainsi que les tarifs sont régionaux: ce n'est donc pas tant que "cela change" et que je ne me tiens pas au courant dans la durée (parfois j'ai l'impression d'être une très vieille dame à la traîne de la modernité—et je me sens trop paresseuse pour y changer quoi que ce soit) que "c'est différent d'une région à l'autre" et qu'il est donc logique que je ne perçoive pas de continuité. C'est rassurant.

Dans le TGV, je commence les livres récupérés à Mouilleron: Le jeu des sept familles d'Anne Fine, moins cruel que beaucoup (des siens), à offrir à un enfant subissant le divorce et le remariage de ses parents. Une fois rentrée, je finis Comment écrire comme un cochon. Le style du narrateur me rappelle les statuts FB de Rodolphe. Et tant qu'à lire du facile, je reprends un Reginald Hill, Killing the lawyers. Détente sur la terrasse.

Comme souvent, H. a rangé (ou plutôt déménagé pour ce qui est de cette fois) pendant mon absence. Il a enrôlé O. et vidé une partie du placard caché derrière les étagères (vidées) des cassettes vidéos. C'est courageux: je suis la plus petite, c'est moi qui aurait dû me glisser dans cette soupente.
Il y a un mètre cube de boîtes d'archives et de classeurs dans le couloir de l'entrée à emmener à la déchetterie.




Note
1 : orientée au sud et non vers l'ouest. (Cette précision suite à une semi-plaisanterie : la femme américaine de Clemenceau contemplait-elle sa patrie quand elle regardait droit devant elle? Réponse: non. Cette semi-plaisanterie est un écho à la découverte faite en mars que Marseille fait face à l'ouest…)
(Notons au passage ma surprise d'apprendre que Clemenceau avait épousé une Américaine. Il ne faudrait ici que des notes et des parenthèses en gigogne.)

Anti-moustiques

Comme d'habitude je suis la première levée. H. a innové : au lieu de dormir au rez-de-chaussée, il s'est enfermé dans la chambre d'O. pour échapper aux moustiques (mais pas à la chaleur puisqu'il faut alors fermer toutes les fenêtres toute la nuit).
Je commence à ranger l'étagère que nous avons descendue dans la chambre (l'ancienne chambre) d'A. L'idée est d'y mettre tout ce qui concerne la théologie, le grec et mes classeurs de cours. Au fur à mesure que j'avance, que je ramène également les livres relégués au grenier (dans la dernière pièce, "the room of requirement", je me rends compte que cette étagère ne suffira sans doute pas, à moins que je ne range les livres sur deux épaisseurs. Je suis submergée par l'idée de tous ces livres, il va vraiment falloir que je les lise un jour.

J'entame ensuite le deuxième chantier des vacances: se débarrasser des cassettes vidéo. Je n'ai pas trouvé de lieu qui les recycle. Idéalement il faudrait les démonter, enlever la piste magnétique pour la jeter d'un côté, jeter le plastique d'un autre et les vis en métal à part. Je vais me contenter de jeter les boîtes à part en enlevant la couverture de titre en papier glacé (des limites de l'engagement écologique).
Je descends l'ensemble des cassettes (combien? à vue de nez dix tas de douze à quinze cassettes). J'isole quelques-unes que je veux conserver à tout prix (Bernie, Divine mais dangereuse, C'est arrivé entre midi et trois heures, Bound, Train de vie), H. en fait autant de son côté, puis vérifie pour la vingtaine de cassettes ainsi sélectionnées si les films sont disponibles en ligne ou en DVD. Il en reste finalement huit ou neuf, dont un coffret des Mystères de l'Ouest, Le vieux Fusil et La Bataille du rail qui ne sont pas disponibles pour des questions de droits. (Oui nous avons encore de quoi les regarder : simplement la résolution des cassettes n'est plus du tout adaptée à la résolution des écrans. Par ailleurs nous avons perdu l'habitude des VF imposées par les cassettes.)

Les étagères vides sont noires de poussière. Derrière se trouve une porte et des cartons que je voudrais inventorier, dans l'espoir d'en jeter quelques-uns et les remplacer par d'autres. Je ne sais pas quand j'aurai le temps de faire cela. Après avoir jeté tant d'archives au bureau cette année, j'ai envie d'en faire autant à la maison pour passer à autre chose.
Il me reste une dissertation et un mémoire à écrire avant de passer vraiment à autre chose.

Après-midi sur FB à rechercher les souvenirs d'un noir qui les a racontés en avril au moment de l'anniversaire des émeutes de Kansas City.

Nous avons installé une moustiquaire : crochet au plafond, voile de mousseline, … Nous allons pouvoir laisser les fenêtres ouvertes malgré la chaleur.
Inconvénient : la peur de s'emmêler dans la mousseline en bougeant la nuit et les chats à maintenir à distance: s'ils sautent sur le lit ils vont tout déchirer.

Affaires classées

J'ai enregistré dans LibraryThing la vingtaine de livres de poche ou de petit format de l'étagère à côté de mon bureau. Tous avaient un lien avec RC, tous m'ont servi à l'étude de RC : Toulet, Barthes, Duane Michal, Saint-John Perse, les deux tomes du colloque sur Robbe-Grillet à Cerisy (quand je pense que je songeais à en organiser un autour de RC en m'appuyant sur Sjef Houppermans, un habitué des lieux), Cavafis, Levet, Ricardou, Projet d'une révolution à New York, L'invention de Morel, La route des Flandres, Bonnefoy. J'ai acheté la plupart entre 2004 et 2005 (avec des exceptions comme Toulet, acheté en 1991).
Je les enregistés et je les ai descendus dans la bibliothèque commune. Je n'ai gardé près de mon bureau que ceux auxquels je suis personnellement attachée : Cavafis (translittération du Gallimard poésie), Levet, Saint-John Perse et Duane Michel.

Rien

Pas le courage d'aller ramer cette semaine. Un peu malade.
Le soir, O et moi avons rangé (débarrassé) avec une remarquable efficacité (une demi-heure) le salon des outils et autres. A. est repartie à Lisieux sans vider le lave-vaisselle, sans étendre le linge. C'est agaçant, elle n'a pourtant que ça à faire. Nous aurons droit la prochaine fois à une liste d'excuses et d'accusations (car elle mêle toujours les deux) insupportable. C'est agaçant, bis.
Soirée "information catéchisme" (oui, j'ai accepté de m'y coller encore une année). Déchristianisation à vitesse grand V, il n'y a plus que vingt enfants de CM2 inscrits dans une ville de trente mille habitants. Encore cinquante ans et il ne restera personne (il y a un verset au début des Actes des apôtres qui dit à peu près cela : « inutile de les combattre : si ce qu'ils prêchent est vrai nous ne gagnerons pas, si c'est faux, ils disparaîtront d'eux-mêmes), ou ne restera-t-il que « le petit reste », « le sel de la terre » ? Je ressens de la curiosité, pas de l'inquiétude. So be it.
H. revient de Tours. Prestation à son compte. Deuxième jour de sa nouvelle vie.
The Good Wife tard dans la nuit, quelque part vers la moitié de la saison 2. La gestion de la tension, l'évolution des thèmes qui font monter la tension, sont fascinantes.


Ah tiens, je vais donner mon avis sur la Catalogne (note pour plus tard : ce week-end s'est tenu le referendum interdit sur l'indépendance de la Catalogne, accompagné d'un certain nombre de violences policières) : puisque le referendum allait se tenir quoi qu'il arrive, le gouvernement aurait dû l'organiser lui-même, avec des listes électorales sûres, des bureaux de vote connus et rendre la participation au vote obligatoire sous peine d'amende.
Ça ne peut plus durer ces votes sécessionnistes où seuls ceux qui se sentent concernés se déplacent. Ça ne peut plus durer ces minorités agissantes qui imposent leur manière de voir.
Je crois même que cela devrait devenir une règle en Europe : la participation aux référendums, et surtout aux référendums d'indépendance, est obligatoire.

Réaménagement

Matin marché, midi purée de céleri, début d'après-midi lessivage des murs, fin d'après-midi déplacement des meubles.

Mouvement inverse de celui de la semaine dernière : nous rangeons le salon en le réorganisant. En effet, nous avons (j'ai) remplacé une porte condamnée par une baie vitrée : ce format inusité — puisqu'une baie est généralement plus large que haute tandis qu'ici c'est l'inverse — produit l'effet d'un puits de lumière vers le ciel et les roses de l'autre côté de la balustrade. Cela sera sans doute davantage désolé l'hiver (mais n'est-ce pas la caractéristique de l'hiver ?) mais pour l'instant c'est fascinant comme une ouverture vers la liberté. Nous agençons l'espace en fonction de cette nouvelle ouverture.

Fidèles à nous-mêmes, nous avons commencé ces grandes manœuvres tard dans l'après-midi et si les meubles sont en place lorsque nous nous arrêtons à la nuit tombante, il reste encore sur la table de la salle à manger tout un fatras de boîtes à outils et draps usés à ranger. Tant pis, plus tard, pour l'instant feu dans la cheminée et chat sur les genoux.

Ranger the room of requirement

J’avais l’intention durant ce long week-end de l’Assomption (quatre jours) de ranger le grenier, une pièce mal isolée, très froide l’hiver, dans laquelle sont entreposés les habits d’hiver, les jouets et les livres d’enfants que j’ai conservés, les valises vides. Peu à peu elle est devenue la porte que l’on ouvre pour déposer rapidement tout ce qui gêne, les cartons d’ordinateur qu’il faut conserver « au cas où » (il faille les emmener chez le réparateur), la caisse qui contient les ampoules de rechange, les multiples caisses de câbles et prises en tous genres pour ordinateur, les piles de papier (cours, factures, prospectus) qu’il faudrait trier, jeter, classer, quelques livres achetés dernièrement (depuis un à trois ans) qui n’ont pas encore trouvé leur place sur une étagère, des chapeaux de paille posés à plat sur les papiers pour ne pas être déformés (c’est compliqué de ranger des chapeaux), la table à repasser, les rouleaux de papier cadeaux, la crèche, l’étagère à DVD à partir de la lettre R qui n’ont pas trouvé de place dans la pièce précédente.

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Le plancher est infesté de puces, mais moins qu’on pourrait le craindre car les araignées règnent dans les angles.
Il y a également un lit d’appoint, devenu peu à peu inaccessible au fur à mesure que les objets s’entassent autour de lui.

Mon ambition est donc de ranger et réorganiser ce grenier — en particulier rapprocher le lit de la porte donc du radiateur — de façon à ce qu’il redevienne utilisable en cas de besoin. Il s’agit également de venir à bout de deux ans de cours éparpillés sur quatre mètres carré (le sol reste l’endroit le plus naturel pour stocker le papier…)

J’ai commencé hier après-midi. J’ai pris dix centimètres de papier (devant moi, sur le sol en ouvrant la porte, sans choisir) que j’ai descendu d’un étage, j’ai commencé à ranger les cours dans des classeurs entre grec, ecclésiologie et « agir chrétien » (liturgie et morale, les deux domaines de l’action, par opposition à la réflexion spirituelle ou théologique) tandis qu’Hervé m’encourageait d’un « à quoi bon ? Tu ne les reliras jamais. »
Ce n’est sans doute pas faux, mais si j’ai envie du plaisir sadique d’obliger mes enfants à trier et jeter après ma mort ?
J’ai retrouvé des notes prises pendant la présentation du Silence de la peur. Traduire la Bible sous le communisme à l’ambassade tchèque en juin 2015. Il fallait que j’écrive le billet correspondant à cette soirée du 8 juin, mais mes notes étaient trop lacunaires : elles auraient servi d’aide-mémoire à une rédaction immédiate, mais deux ans plus tard il me manquait trop de détails.
Alors j’ai abandonné mon rangement et entrepris de lire le livre.



NB : Le titre est une référence au tome 5 d'Harry Potter.

Deuxième jour après Noël

Il fait beau et froid.
A. part. Foins et débris (le lapin, le lapin !) jusqu'au milieu de la chambre. La maison paraît étrangement vide après ces derniers jours. Nous avons désormais des habitudes de vieux couple.
Classement de papiers (remontant à un an et même novembre 2014), échange d'écrans, premières cartes de vœux. Je m'astreins à ne pas regarder de films avant que le soleil ne se couche (ce qui nous amène aux alentours de cinq heures, ce n'est pas si terrible).

Episodes 9 et 10 de la saison 1 de Sense8

Les voisins à dîner. Organisation du 31. Lui est en arrêt pour burn-out. Autrefois, on aurait simplement dit que son patron pervers a eu sa peau, ou encore qu'il est épuisé nerveusement. Extension du vocabulaire. Un autre voisin est à l'hôpital pour burn-out "familial": il a demandé à ne sortir que le dimanche, pour éviter sa femme (ambiance. L'une de ses filles en est à sa deuxième tentative de suicide. Qu'est-ce qu'un burn-out? demandé-je. C'est quand on n'arrive plus à faire face, me répond-on).

Au moment de me coucher, j'apprends que Carrie Fisher est morte. Absurdement j'évoque le malaise ressenti à "la"1 voir à la fin de Rogue one. Je me souviens que je ne savais pas qui c'était quand j'ai lu un article qui l'interviewait (quand était-ce? il y a longtemps, peut-être était-ce pour ses quarante ans, donc en 1996), dans lequel elle parlait de sa façon de gérer son poids (oui, un magazine féminin sans doute chez le coiffeur. Un beau magazine, genre Elle ou Vogue, je me souviens de belles photos). Elle disait: «Ce n'est pas moi que l'on aime, c'est la princesse Leia». Mais je ne savais pas qui était la princesse Leia (et je découvrais Carrie Fisher dont je n'avais jamais entendu parler).
Morte à soixante ans. Incroyable. Pour reprendre une question de RC, comment peut-on mourir à soixante ans?



1: "la" entre guillemets car c'est une reconstruction technologique. Le problème est le suivant: soit un film tourné en 2016 racontant une action intervenant quelques jours ou semaines avant un film de 1976: comment y faire intervenir des acteurs ayant quarante ans de plus alors que leurs personnages a un an de moins?

Troisième jour à la maison

Levée tard. (Je le précise parce que dès que je me lève au-delà de sept heures et demie, j'ai l'impression d'avoir perdu ma journée, ce qui me donne un bon prétexte pour ne rien faire et donc effectivement perdre ma journée).
Journée consacrée à ranger et nettoyer le premier étage en écoutant GC.
Je regarde Hunger Games 2. C'est vraiment étonnant, une esthétique aussi délibérément IIIe Reich et une référence si claire aux gladiateurs (d'ailleurs le lieu de combat pour la survie s'appelle "l'arène"). Je pense aussi à W ou le souvenir d'enfance.

J'ai réussi à terminer ce que je souhaitais. Je verrai la suite la semaine prochaine.

A la maison

Journée de rangement et de ménage.
Je termine Kiss kiss bang bang qui serait aux romans policiers de gare ce qu'est Les cadavres ne portent pas de costard aux films noirs des années 40.
Je décore le sapin et monte la crèche en écoutant les traductions sans filet de Guillaume (essayez aussi ses rondels). Je range, récure, étend le linge, compte les assiettes…

H. a trouvé le temps de déplanter l'apple TV (enfin!) ce qui nous a permis de voir True Believer, avec Downey Jr à vingt-quatre ans. Film classique dans ses thématiques mais bien fait, intéressant.

Tranquille

Hier après l'aviron je me suis rendue compte que j'avais oublié mon téléphone au bureau. J'ai décidé de ne pas y retourner même si j'y conservais mon billet d'opéra. Je me suis servie de mon ordinateur pour entrer à Bastille.
Ce matin, je n'ai pas pensé à le chercher; je n'ai donc pas eu le temps d'avoir peur : un mail d'une salariée m'indiquait qu'en ramassant ses papiers personnels sur mon bureau, elle avait emmené mon téléphone par erreur. Bizarrement, au lieu de me le ramener, elle me prévenait qu'elle l'avait laissé à l'accueil.

Réunion chez l'assureur de branche. Quelques explications sur les multiples dysfonctionnements qui ont marqué l'année.

Retour. Je dîne seule, O. est en "raid". Ménage et surtout rangement en écoutant les traductions de GC. Je termine le rez-de-chaussée.
Mon siliconage de dimanche a l'air efficace, les WC du haut semblent ne plus fuir.

Vide

Il pleut.
Journée sans histoire (ni géographie, ajouterait mon beau-père). Je m'ennuie. Je suis déçue: la mutuelle va faire des bénéfices indécents et ma proposition de rembourser aux diabétiques (ou donner un forfait, une participation) l'appareil qui permet de lire la glycémie sans se piquer les doigts est repoussée: avenir trop incertain, m'oppose-t-on. Mais si l'incertitude concerne l'avenir de la mutuelle, si elle doit fermer pour des raisons réglementaires (trop de contraintes juridiques ou soutien de la branche insuffisant), ne serait-ce pas au contraire un argument pour qu'elle utilise ses réserves avant?

Je rentre dans la maison vide (c'est rare) et, signe de mon ennui et de ma déception, je me mets… à faire du ménage. Grandement pas dans mon assiette je suis!


Je note pour me souvenir du moment : hier Bayer a annoncé le rachat de Monsanto. C'est terrifiant.

Suite

Encore itunes, mais cette fois-ci les podcasts. Et je n'y comprends rien. J'ai abandonné l'espoir de comprendre les abonnements et je suis allée directement chercher sur le site du Collège de France, en découvrant au passage iTunes U. J'ai récupéré Alain de Libera, Anne Fagot-Largeault et John Elster (même si je ne suis pas convaincue par les deux derniers après écoute d'une heure de chacun).

Le soir à la nuit tombée je termine malgré tout le nettoyage des placards de la cuisine, histoire d'avoir fait quelque chose durant mes vacances.

Corvée annuelle

Le temps de vacance (singulier) à la maison sera court cette année : trois jours, peut-être cinq.

Je reprends mes chères corvées toujours remises "aux vacances", avant que je ne remplisse celles-ci d'une foultitude d'autres idées. Après le lessivage des murs l'année dernière, nettoyage des placards de la cuisine cette année (tout vider, tout remettre — ou presque) en écoutant deux spécialistes présenter Kierkegaard (comment vivre en homme? comment vivre en chrétien? (vivre en chrétien est quasi impossible tant c'est difficile)). Et puis Gilles Boeuf de nouveau: «Nous on se bat pour sauver le vrac, comme je dis. — Comment, même les puces? — Mais oui! On ne va pas sauver que ce qui nous arrange! La nature n'a pas créé les puces pour nous embêter» et ma préférée: «si Dieu existe, il aime les coléoptères» (ce n'est pas de lui, il cite quelqu'un, je ne sais plus qui). «Alors qu'est-ce qu'on fait? On fait des conférences; l'humain est excellent pour faire des conférences».

Un article de fond de Rockström, Steffen, Noone, Persson, Chapin III : Planetary Boundaries: Exploring the Safe Operating Space for Humanity, dédié à lecteur qui m'a fait découvrir (ou prendre conscience de) le mot "anthropocène". (Il faudrait que je traduise cet article, mais je ne suis pas sûre de savoir traduire déjà le titre: Des limites à l'échelle de la planète: une étude de l'extension maximale possible de l'activité humaine sans danger pour l'humanité?)

Le soir, la moitié de Blues Brothers.

Dimanche

Je retourne à Melun pour la première fois depuis trois semaines. Quelle flemme, pas envie d'avoir froid.

J'arrive juste à temps pour entendre «Qui veut faire un quatre?», je dis «Moi» et je me retrouve avec des rameurs de niveau plutôt faible: je vais ramer à la nage d'un bateau pas désagréable dans l'esprit mais cahotique. Il n'y a pas de vent, il ne fait pas froid, mais il y a énormément de courant.

Pour changer, je vous mets une image du ponton. Chaussures de compétiteurs pour la plupart: les bateaux de compétition ont des chaussures intégrées, ce qui pose parfois des problèmes de pointure quand les filles empruntent des bateaux de mecs (le contraire n'arrive jamais).



A midi nous sommes trois, A. est retournée à Lisieux hier soir après une semaine de mauvaise humeur (elle s'est disputée avec une amie et c'est nous qui en avons payé les conséquences) et les grands fêtent la St Valentin à Paris. Je m'habitue à l'idée que l'année prochaine je serai sans doute seule la plupart du temps. Silence de la grande maison vide.
— Peut-être qu'il va devenir rationnel de vendre cette maison?
— Pas avant deux ou trois ans, il faut la remettre en état si nous ne voulons pas perdre de l'argent.


Le soir violente dispute: H. apprend alors que nous sommes en train de goûter (mais oui, cela arrive: nous goûtons!) que j'ai embauché un jardinier. Il m'accuse de l'avoir fait sans lui en avoir parlé: «Mais enfin, tu étais d'accord, c'est toi qui m'a donné son nom! — Oui, mais je croyais que tu voulais qu'il vienne une fois, pas de façon permanente.»
Mais à quoi sert un jardinier une fois quand la végétation pousse tous les jours?

(L'origine du débat était le ménage: prendre une femme de ménage. J'ai répondu qu'entre la femme de ménage et le jardinier, il me semblait que nous pouvions nous charger du ménage. Le problème, c'est que si nous ne nous y mettons pas tous ensemble, je n'y arrive pas, je ne suis pas motivée, après tout je ne suis pas la seule à vivre ici1, il n'y a pas de raison que je le fasse seule (ou alors j'ai besoin d'être vraiment seule, sans personne à la maison, ce qui n'arrive jamais): en une heure, à cinq, nous abattons du boulot! Mais je n'ai jamais réussi à instaurer cette routine.)
Bref, violente dispute un peu ridicule qui nous laisse comme chaque fois honteux et désemparés.

Ménage et rangement car nous accueillons deux amis trois jours. Bénéfice inattendu pour O.: il récupère un ordinateur dans sa chambre (pour faire de la place sur le bureau de H.). Il est heureux.


Note
1 : peut-être aussi que si je l'oublie, mon corps se souvient que les produits ménagers et la poussière le rendent malade. Ce soir encore, ventoline. Raison de plus pour prendre une femme de ménage, me direz-vous. Sauf que je nie le problème, j'espère toujours qu'il va passer, que c'est une illusion. A vrai dire, je pensais prendre jardinier et femme de ménage, je n'imaginais pas que ça coûtait si cher: j'ai réduit mes ambitions de dépenses.

Rangement

Une journée pour faire du ménage et ranger — pas eu le temps depuis que nous sommes revenus des Etats-Unis. Cela ne fait pas une journée très palpitante, sauf que cela permet de manipuler des livres, ce qui est toujours plaisant. Aurai-je un jour le temps de les lire? Pourquoi les acheter si je ne les lis pas? (Question de C.)
Aucune idée, franchement. Quand j'achète un livre neuf, récent, je me dis que cela va soutenir, encourager, l'auteur, quand j'achète un livre d'occasion (avec souvent une pulsion presque bibliophile, avoir l'édition de l'époque, le grand format), je me dis que j'évite le pilon à l'objet.

Je n'ai pas retrouvé le dossier de la préparation pour demain, cela me pertube: comment est-ce possible? Mon bazar n'est pas organisé, mais il est englobant: tout est là, rien n'en sort, rien ne se perd. Je revois encore ces pages, je relis les questions: les aurais-je rêvées? Je sais que je suis susceptible de rêves extrêment précis, détaillés, mais en suis-je au point de rêver l'énoncé des travaux à préparer? (Je n'y crois pas, je ne le crois pas.)

Je commence — j'hésite à le signaler trop clairement, cela va prendre tant de temps et n'a aucune chance d'aboutir — à taguer les billets du jour où je les écris tandis que je les place au jour de leur survenance, au gré des dates rencontrées dans les livres, les factures, les cahiers: que peut donner une mémoire mitée, dans quelle mesure les objets peuvent-ils nous aider à remonter le temps?

Graisse killer

J'ai essayé la lessive St Marc et les cristaux de soude, c'est ce qui est le plus efficace contre la graisse accumulée au plafond de la cuisine.
Ça rend tout le monde malade et je travaille avec un masque de chantier. 11 mètres carré de plafond, une demi-heure par mètre carré. Je termine demain.


La Crise

Il y a longtemps que je cherchais un film avec Vincent Lindon. Ça parlait de racisme, mais je ne me souvenais absolument pas du titre.

J'avais vu passer sur FB la célèbre scène avec Maria Pacôme, mais je n'avais pas fait le lien tant ce n'est pas cela qui m'avait marquée. Ce qui m'avait marquée, c'était les scènes douces-amères autour du "Rémi" (RMI), et je n'ai reconnu le film qu'en voyant dans un commentaire le passage sur le racisme.

Donc ce soir j'ai déclaré à O. que nous allions regarder La Crise. J'ai été effarée de constater à quel point il s'appliquait encore exactement à la situation actuelle, peut-être plus encore qu'en 1992 (le passage sur la malbouffe est sans doute plus un sujet de préoccupation aujourd'hui qu'à l'époque). Il ne manque que la tonalité terrorisme-djihad.

Quand ai-je vu ce film? Après 1999, puisque nous étions déjà dans la maison. Je me demande à quel point la grande tirade de Zabou m'a influencée (les enfants étaient petits et j'étais très fatiguée) dans ma décision de ne plus faire ce qui ne semblait compter pour personne: ne plus repasser les torchons, ne plus plier les slips, ne plus apparier les chaussettes, passer le balai de temps en temps, mais uniquement quand ça me chantait,… bref, une véritable grève qui d'ailleurs ne s'est pas beaucoup vu puisque tout le monde, il faut le dire, se fiche un peu d'une maison propre et rangée tant qu'il peut être tranquille dans son coin à poursuivre son activité préférée.
Et que celui qui ne s'en fiche pas vienne me voir, nous ferons les corvées ensemble. (Aujourd'hui, les choses ont changé, les enfants étant grands, nous pouvons faire le ménage en équipe. Mais je refuse d'avoir l'impression d'être la seule à être punie en passant tristement la serpilière le week-end).

Et pour sourire à la fin de cette tirade MLF, précisons que je l'ai regardé en repassant…

Ménage

Comme Hervé a pris la peine de ranger le bureau et la chambre dimanche, je mets un point d'honneur à passer l'aspirateur ce soir.
Conclusion : il faut que nous prenions une femme de ménage, la poussière me rend vraiment trop malade.

Jamais seule

Il y avait longtemps que j'avais prévu de rester deux jours seule à la maison pour ranger et me détendre; mais Hervé est rentré avec une mauvaise grippe. Il m'est décidément bien difficile d'être seule dans cette maison. J'ai tellement besoin d'être seule, un peu, pour cesser de me surveiller et pouvoir me reposer, me détendre.

Une fois encore je pense aux ordres cloîtrés : une vie entière à vivre avec les mêmes dans un lieu clos. Mais comment est-ce possible?
Capacité à vivre en commun comme signe de sainteté. Après tout, peut-être.

Flemme

— J'aurai rarement fait aussi peu de choses en vacances, ni m'occuper du jardin, ni classer les papiers, ni gratter et vernir la porte d'entrée, ni lessiver la cuisine, ni…
— Des vacances, quoi, constate O., logique et consolateur.

Oui, mais quand est-ce que je vais faire les corvées, moi? Se confirme ma vieille devise «Il ne faut pas attendre» (la phrase complète est : «il ne faut pas attendre des conditions idéales pour s'y mettre»): combien de fois ai-je dit cette année «Je ferai ça pendant les vacances»?
Eh bien non.

Matinée sur Alice et FB: 31 et 19 juillet. J'ai dû mal à me mettre aux billets grecs.
Cette après-midi il faut quand même que je range les valises et les vêtements, propres, sales, repassés, car demain à huit heures passe un couvreur pour un devis pour réparer le toit.

Retour à l'ancienne configuration

Il a un an, nous avions remonté l'ordinateur des enfants du salon à ma place, dans l'idée de pouvoir surveiller les temps de jeu le soir.
En pratique, cela a surtout conduit à ce que je n'ai plus d'endroit où me poser pour rédiger un billet ou une dissertation (d'où le squatt de la chambre de ma fille) et à nous empoisonner les week-ends par les cris des jeux en ligne en cours .

L'ordinateur est donc redescendu dans le salon, au grand soulagement des enfants et au mien. Désormais j'ai retrouvé ma place!

Lundi rien

Je devais ranger la chambre de A. que j'ai largement utilisée pour stocker mon bordel, je ne l'ai pas fait, je transbahute tout dans la chambre de O.

A. rentre de Lisieux vers sept heures après quelques problèmes de train.

Ménage

En fait, il s'agit davantage de tri et de rangement que de ménage. Journée décevante, je n'avance pas aussi vite que je l'espérais.
Vidé l'armoire et jeté une pile de vieux tee-shirts. C'est toujours la même chose, les souvenirs qui remontent avec chaque vêtement, ce tee-shirt offert par l'ex d'un copain dans une maison aujourd'hui vendue…

Vers le soir, j'empile ce qui reste au grenier. Il faudra le trier plus tard, et je ne sais pas quand.

Killing saison 2. Je m'endors, ça ne va pas assez vite.

Débarras

Quatre allers-retours à la déchetterie, j'en ai fini pour ces vacances. Ce qui m'ennuie, c'est la perpective des petites araignées noires qui vont courir dans la voiture (elles étaient logées sous les pierres meulières du quatrième voyage).
Une ampoule a éclaté (je l'ai lavée dans mon whisky, pour faire cowboy). Je ne sais pas quoi faire. Je devrais me mettre devant un DVD en bricolant quelque chose; mais si je regarde un film que je ne connais pas, il faut que je tricote (pour suivre l'histoire), et j'ai les mains trop abîmées pour tricoter. (Il faut que je regarde les DVD que j'ai empruntés).

Demain c'est la rentrée. Je suis contente d'être en vacances pour ma rentrée.

Image du troisième aller-retour (la couleur des feuilles donnent une idée de l'époque où ces branchages auraient dû être évacués).







Les branches étaient moins gênantes que le carton de samedi que je devais soulever avec le dos de la main en même temps que je passais les vitesses.

Résumé

Journée déchetterie. Gravats et pots de peinture. Et cartons d'emballage. Chic, de la place pour ranger.
Ce soir tout me gratte. Encore deux ou trois allers-retours à prévoir lundi (demain j'essaie de ramer, je l'écris ici dans l'espoir que ce ne soit pas un vœu pieux car je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur moi-même).

Nous sommes à nouveau cinq pour quelques jours. C. a perdu cinq kilos en une semaine de camp scout. Chanson pour laver la vaisselle dans la joie.

J'ai fait quelques vérifications et retrouvé A l'ombre des jeunes filles en fleurs 1 et 2… en cassettes. 2000, 2001? A l'époque il n'y avait pas d'iPod, et j'avais un baladeur cassette. Un autre temps.

Anomalies domestiques

Après les journées rangement, j'avais pris une journée pour faire le ménage.

Tant mieux, puisqu'à quatorze heures H. me téléphone de Tours pour me dire qu'il sera là ce soir avec un collègue et que le collègue dormira à la maison parce qu'il n'y a plus une chambre d'hôtel de libre dans la région parisienne.
Dans un monde normal, le collègue (subordonné) aurait pris le train tôt demain matin.
Nous ne sommes pas dans un monde normal.

Bon, je vais de ce pas cuisiner une pintade au chou.

Bilan

Samedi : True Gritt, Sherlock Holmes 1 & 2, une partie d'Il était une fois l'Amérique, interrompu par La Dame de fer (Merryll Streep impressionnante, mais film totalement décousu qui n'arrive pas à captiver).

Dimanche : Fin d'Il était une fois l'Amérique. Saison V de The Big Bang Theory.

Dimanche. Je lis La lettre perdue de Martin Hirsch (deux heures), j'y croise en début de livre le Lignon, vu la veille chez La Fontaine (L'Amour est mort, le pauvre compagnon Fut enterré sur les bords du Lignon) et dans les dernières pages l'une des phrases du film La Dame de fer: il faut choisir en être quelqu'un et faire quelque chose. (Hirsch donne la source mais je ne m'en souviens plus.))

Trois jours

J'avais prévu deux jours de rangement (mercredi, jeudi), une journée de cours (hier).
Je ne suis pas allée en cours, et j'ai encore tout le classement des papiers à faire. Une première revue hier soir m'apprend que j'ai dû ranger à un moment donné le plus facile (les factures, bulletins de salaire, etc). Il me reste le plus compliqué, les articles, les notes prises lors de colloque, etc. Ce n'est pas ranger qui est difficile, c'est classer de façon si logique qu'on retrouve spontanément ce qu'on cherche même quand on ne sait plus où on l'a mis (la seule définition du rangement) — c'est aussi savoir ce que l'on possède, et cela, c'est bien plus difficile. Chaque fois que je rouvre un classeur ou une boîte je retrouve des articles que je ne savais pas avoir conservés — et dans l'ensemble je suis assez contente de moi: je suis fiable, je perds peu.

Concernant les notes prises en colloque ou en cours, le constat est moins satisfaisant: tout ce qui n'a pas été transcrit aussitôt est pratiquement inutilisable. Comment relire aujourd'hui, deux ou trois ans après, ces notes sur Finnegans Wake, par exemple? Je range, je mets dans des boîtes, éloignant d'autant les probabilités de les recopier dans mon blog (l'intérêt que ce soit dans le blog, c'est que ce soit à disposition à tout moment): notes pratiquement perdues, sans grand espoir d'être jamais relues, et je résiste à la tentation de les jeter, songeant mélancoliquement aux héritiers en train de regarder avec désespoir ces monceaux de papier: classement vertical. Et la rage me prend de tout jeter — mais je ne le fais pas.

J'y retourne, j'espère que cela prendra moins qu'une journée.


Je mets des films en fond sonore, des films que je n'ai pas vraiment besoin de regarder: Ne nous fâchons pas, Burn after reading, Jerry Maguire, This is the place.

Ordinaire

Matin gare de l'est pour récupérer A. qui revient de Hambourg.

Vitres à l'eau claire (et non au produit à vitres). Résultat mitigé. Doigt écrasé par une porte.
Traduction.
Classement des DVD. Poussière des étagères (ça n'a l'air de rien, mais ce n'est pas rien).
Soupe de légumes.
The Bourne legacy. Film téléchargé, anglais sans sous-titre. Un peu dur. De toute façon je n'avais déjà pas compris grand chose quand il était sorti. Mais maintenant je sais que la biologiste est la femme de Daniel Craig. Est-il réellement possible qu'elle soit née en 1970?

Rangements

Sur le front C.,nous glissons de Manon Lescaut au Contrat de mariage (la fin, quand Paul part aux Indes tenter de reconstruire une fortune dilapidée). Ah les colonies, c'était quand même le bon temps pour trouver une solution aux problèmes domestiques.

L'une des conséquences collatéralles est que les mangas et les DS ont été virés de la maison, direction les sous-sols d'un ami compatissant. Pauvres A et O:
— Mais on n'a rien fait, nous!
— C'est vrai, et ce n'est pas une punition. Nous cherchons juste ce que nous avons fait de travers, pour que cela ne se reproduise pas.

Le positif, c'est que je récupère deux étagères (les meubles, pas deux rayonnages) pour mes livres, et j'en avais bien besoin (non, il n'y avait pas deux étagères de mangas, nous avons viré d'autres choses!).
Le négatif, c'est que je n'ai pas eu le temps de mettre de l'ordre dans tout mon fatras en une journée. Je vais donc commencer l'année (demain, reprise des cours) avec une maison non rangée.
"Je n'aime pas".

Quatre jours

Quatre jours pour descendre la pile à laquelle je n'ai pratiquement pas touché (bien entendu) et m'occuper des rosiers (visiblement ils n'aiment pas la pluie).

Ah oui, et puis revoir notre itinétaire, un peu.

Bon, et j'abandonne librarything, pas le temps, je ferai ça quand je serai en maison de retraite (et puis classer mes photos aussi (j'espère que je ne serai pas aveugle)). (Moi je ne prépare pas ma retraite, je prépare ma maison de retraite).

Le défi du week-end

Descendre ces piles (plus quelques annexes qui ne sont que broutilles).


Dimanche

Matinée... eh bien je ne sais plus. J'ai peint en blanc une bande de ciment de deux centimètres de large qui attendait depuis deux ans dans la salle de bain. Il faudra deux ou trois autres couches. Le ciment boit. Pour le reste je ne sais plus.

Après-midi rangement, toujours, perpétuellement. J'ai remarqué que je ne peux ranger qu'à la lumière naturelle. Dès qu'il fait nuit, je n'y arrive plus, je perds toute motivation. Alors film et film. J'ai perdu mes explications de tricot que j'avais recopiées à la main avec tant d'attention.

Retour vers le futur I et Expendables. Les explications de Stallone concernant le film sont impressionnantes, ces types se tapent vraiment dessus et les bombes sont de vraies bombes ? « Nous adorons ça mais le corps fatigue, il encaisse jour après jour. J'ai dit à ?? vas-y, tape de toutes tes forces, et je me suis retrouvé trois jours à l'hosto. A la fin c'était presque un gag, je connaissais toutes les infirmières par leur prénom, "Et comment ça va Belinda ?" »

Trois jours

Bof, pas vraiment envie d'en parler. Cinq poubelles de papier sorties de la chambre de ma fille hystérique. L'une des plus grandes surprises à voir les enfants grandir, c'est de découvrir la résurgence de traits de caractère d'un membre de la famille à l'autre, alors qu'il paraissait entendu que seuls les traits physiques se transmettaient. Et voilà que la collectionnite aiguë, la peur de jeter (les tickets de métro, les devoirs rendus, les crayons cassés, les papiers de bonbons, …), ressurgit une génération plus tard.
Et pendant ce temps-là je n'ai rien rangé de mon propre bordel — et maintenant départ pour la famille — et donc retour dans le bordel non traité. Frustration, c'était bien la peine de prévoir des vacances un peu larges.

Seule éclaircie, ça, qui me fait rêver. Avec ça.

Ah, et puis si: à part le souffle au cœur, je n'ai que le coutumier manque de globules rouges et de fer, mais des globules blancs extra-strong (tout le monde s'en fout ou va trouver cela très "impudique" (comme disent les anti-blogueurs), mais il se trouve que je souffre d'une forme particulière d'hypocondrie: je suis tellement persuadée qu'on trouvera quelque chose si on cherche que je refuse de chercher (syndrome Dr Knock, je pense)). Donc je l'écris, ça me fait plaisir car j'avais peur.

Tri

Jeté le carton de ramettes de papier qui nous servait d'armoire à pharmacie depuis une quinzaine d'années (l'anté-pénultième déménagement, je crois). Jeté une poubelle de médicaments périmés, avec des dates de péremption oscillant de 2004 à 2008.
Maintenant notre stock tient dans une boîte à chaussures (Smecta, Vick, aspirine et doliprane. Et des pommades contre les piqûres de moustiques, les coups de soleil, les courbatures).

Je fanfaronne, mais c'est que j'ai la perception aiguë de la fin de ma vie (au sens long du terme, en années et non en jours), quand les pilules et cachets seront devenus mes compagnons quotidiens. Alors pour le moment? profitons-en, profitons-en.

Nuit de lundi à mardi

Rangement, ou plutôt ramassage et jet(age): les tas sur le bureau étaient auparavant sur le plancher, mais pas en tas, étalés sur deux ou trois mètres carrés (j'ai abîmé des papiers en roulant dessus avec ma chaise). Dormi si ridiculement peu que je n'ose pas l'avouer. Bon, j'y retourne (je veux dire : dormir)…






(ajout cinq ans plus tard : cette nuit-là, je cherchais le carnet de santé de Clément qui en avait besoin pour prouver qu'il avait eu la varicelle et pouvait aller en cours. Je ne l'ai pas trouvé et pour cause: il l'avait avec lui à Lausanne.)

Avant/Après




Quelques secrets de l'âge adulte

Pas envie (ou plutôt peur) d'être trop perso. J'ai l'impression de sentir des pans entiers de moi-mêmes se détacher et flotter, partir à la dérive. Je les regarde s'éloigner sans rien ressentir, je me retourne avant même qu'ils n'aient disparu, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Très très marre à nouveau, de nouveau.

Afin de maintenir étanches les compartiments de la schizophrénie, je reprends l'exercice de cet été, un peu de traduction de blog en anglais. J'ai choisi un billet de The happiness project, nom que je ne sais même pas traduire (Objectif bonheur? un petit côté Martine pas pour me déplaire. Objectif: me coucher avant minuit.)

Les phrases sont plus ou moins terre à terre, plus ou moins abstraites. Elles sont livrées en vrac, et c'est volontaire, je suppose.
A classer du plus au moins vrai, de la préférée à la plus désagréable, de la plus à la moins utile, etc.
  • La meilleure lecture est la relecture.
  • L'ordre extérieur contribue au calme intérieur.
  • L'opposé d'une grande vérité est aussi une vérité.
  • On contrôle ce qu'on mesure.
  • Un peu chaque jour permet d'accomplir beaucoup.
  • Les gens remarquent moins vos erreurs et vos défauts que vous le pensez.1.
  • Il est confortable d'avoir beaucoup d'argent.
  • La plupart des décisions ne nécessitent pas d'intenses réflexions.
  • Faites attention à ne pas être affamé.2.
  • Même si vous pensez que c'est une imposture, fêter la fête des Mères et celle des Pères est un geste plein d'affection.
  • Si vous ne trouvez pas quelque chose, il est temps de ranger.
  • Les jours sont longs mais les années sont courtes.
  • Quelque part conservez une étagère vide.
  • Eteindre et rallumer son ordinateur plusieurs fois (sans précipitation) résout la plupart des problèmes informatiques (hardware).
  • Il n'y a pas de mal à demander de l'aide.
  • Vous pouvez choisir que faire; vous ne pouvez choisir ce que vous AIMERIEZ faire.
  • Le bonheur ne rend pas toujours joyeux.
  • Ce que vous faites CHAQUE JOUR a plus d'importance que ce que vous faites DE TEMPS EN TEMPS.
  • Personne n'exige que vous soyez parfait en toutes choses.
  • L'eau et le savon enlèvent la plupart des tâches.3.
  • Il est important d'être gentil avec TOUT LE MONDE.
  • Vous en savez autant que la plupart des gens.
  • L'auto-médication, c'est très efficace.
  • Mangez mieux, mangez moins, bougez plus.
  • Ce qui plaît aux autres peut ne pas vous plaire — et inversement.
  • Tout compte fait, les gens préfèrent que vous choisissiez leur cadeau de mariage dans leur liste.
  • Les plantes vertes et les albums photos prennent beaucoup de temps.
  • Si vous ne vous plantez pas, c'est que vous n'y mettez pas assez de cœur.
  • Ni repris, ni échangé.



1 : M. de Norpois contredit ce point.
2 : parce que cela rend hargneux (c'est le cas de l'auteur du billet, je le sais puisque j'ai lu son blog).
3 : Est-ce une phrase à prendre au premier degré?

Addict

Le plus simple, pour réussir à écrire un billet, est encore d'avouer à quoi je passe mon temps actuellement: à lire des blogs de self-help. J'en ai déjà parlé, c'est quelque chose que j'adore, d'absolument addictif, je peux passer des heures à apprendre comment ne pas perdre mon temps.

Et donc le dernier en date, c'est The happiness project, trouvé à partir de Zen habits.
Je me sens un peu ridicule à avouer ce penchant, mais après tout, c'est moins grave que les fraises Tagada.
Je me sens un peu ridicule à avouer ce penchant, et je me demande pourquoi : est-ce à cause du côté simpliste des recommandations, "Rangez votre tiroir et vous serez heureux"? Oui, bien sûr, c'est puéril. Nous sommes, nous cartésiens, au-dessus de ça. Et notre tristesse et notre mauvaise conscience proviennent de choses bien plus importantes qu'un tiroir…
Ou est-ce parce que ce sont souvent des blogs emplis de bons sentiments, "souriez à votre voisin, faites trois bonnes actions par jour", morale de boyscout?

Et cependant, ranger un tiroir me libère l'esprit. Ecrire mes cartes de vœux, téléphoner à Paul Rivière…
Se libérer l'esprit, se concentrer sur l'essentiel. C'est si évident que cela va sans dire. Et je me sens ridicule à avouer que j'aime le voir écrit. Parce qu'après tout, cela va sans dire, mais je l'oublie si souvent.

Je devrais vraiment proposer à ces blogeurs de traduire leurs blogs, je me demande s'il y a une "clientèle" en France pour ce genre de blogs.

Le blog du jour focalise sur le devoir d'être heureux. Et prend pour modèle… Ste Thérèse de Lisieux (en français ici).

Beaucoup d'autres citations dans ce blog, mais je ne vais tout de même pas pousser le crime jusqu'à citer Goethe ou Colette en anglais.


A la réflexion (écris-je quelques heures plus tard), il est possible que l'impératif "Soyez heureux" ait pour nous, Européens, un relent totalitaire. Le bonheur, n'est ce pas la promesse du Meilleur des mondes, n'est-ce pas le leitmotiv de Demolition Man?

Mais quel rapport entre ce bonheur-là et la joie d'Etty Hillesum ou de Ste Thérèse ?
Et avec ranger un tiroir, écrire une carte, éviter de s'énerver ?
Les petites choses… Il faut bien commencer par quelque chose.

Parents indignes

Dimanche soir. Plus rien à manger, frigo vide (évidemment, puisqu'au lieu de faire les courses hier après-midi nous avons réhabillé ce blog).

Parfois je me demande quelles séquelles va laisser sur les enfants le fait de vivre dans une maison pas rangée, sans ménage, le fait de se faire eux-mêmes des pâtes toutes les fois où nous préférons faire autre chose que la cuisine, de nous servir de banque (ie on leur taxe leur tirelire) chaque fois que nous avons un besoin urgent d'argent liquide (car nous avons été trop étourdis pour prévoir nos retraits d'argent...), dans une maison où seuls comptent les livres, les ordinateurs, le ping-pong...

Bon après tout, on n'en est pas encore (quoique, finalement,...ça ne leur déplairait peut-être pas d'en être là.)

Back to basic, je vais aller faire une Floraline.

Tout cela se ressemble tant

Si ce n'est pas la grippe, ce sont les courbatures dues au ménage (je n'aurais pas dû frotter si fort).
Et cette impression de fièvre, ce n'est peut-être que l'allergie aux produits ménagers (tout ce qui se vaporise...)

La vertu non récompensée

Depuis quelques semaines que nous essayons de mettre un peu d'ordre dans les papiers, dans les pièces, dans la vie en général, les pépins ne cessent de pleuvoir; à croire que décidément la seule façon de vivre valable pour nous, c'est de courir au milieu du chaos, sauter par dessus le ravin pour échapper aux flammes, gravir l'escalier qui disparaît sous nos pas, s'engager sur la corde raide sans regarder l'abîme, courir plus vite que les ennuis sans regarder ni à droite ni à gauche, et surtout ne pas ralentir pour bêtement prendre le temps de faire son lit ou la vaisselle.

Je songe à certaines vies si réglées, si rangées, aux tantes vieilles filles qui racontent sur leurs cartes postales la tonte de la pelouse (j'allais écrire le tondage, Ségolène sors de mon corps!) et la visite annuelle du chien chez le vétérinaire, et dont le grand événement de leur vie a été le jour où leur voiture a été volée. Je songe à nos cinq ou six vols de la voiture ou dans la voiture, l'année où tout le monde (sauf moi) a eu droit à son plâtre ou ses points de suture, aux divers problèmes financiers résultant de la conjonction d'un rappel d'impôts, d'un changement de mutuelle et, plus exotique, d'un changement de régime de sécurité sociale, je me dis que ça les rendrait folles mais que dans le fond, tout cela n'est pas grave. Ce n'est pas grave, «tant que la santé va, tout va»1, ça passera, et de toute façon, nous sommes mortels.

Mais c'est fatigant. Il faut s'en occuper, tout se passe comme si le temps gagné grâce à la mise en ordre du quotidien devait se perdre dans le traitement de l'exceptionnel.

Faut-il arrêter de mettre de l'ordre, faut-il, en application de la loi du chaos2 mais à l'encontre des préceptes issus de générations de vies ordonnées et méticuleuses, vivre plus ou moins au jour le jour, comme nous le faisons depuis dix ans, et arrêter de vouloir ressembler à une famille modèle? (En moi le fantasme de la famille modèle combat l'horreur de la famille modèle; j'aimerais y ressembler mais cela m'ennuie d'avance: est-ce cela qui génère les ennuis?)


Notes
1 : Ce cliché a arrêté de me faire sourire depuis que j'en ai expérimenté la profonde vérité: quand la santé ne va pas, non seulement le présent s'arrête, mais le futur se fige.
2 : «je me garde […] d'attirer l'attention des implacables gardiens des lois de l'entropie. En outre, je laisse toujours une partition a l'état de chaos complet sur mon disque. Ce sacrifice aux dieux du désordre m'a jusqu'à présent évité leurs foudres.»

Retour

Toujours le même plaisir du train de nuit — que je suis seule à goûter, grâce à mon sommeil inébranlable.

Tarte aux fraises, lessive, nettoyage de FB, envie de tout laisser tomber. Il ne faut pas céder: si pour le mois à venir mes soirées me paraissent trop remplies pour bloguer, que ferai-je dans un mois? (Mais à vrai dire, j'ai des idées (au moins une)).

J'ai toujours l'impression de laisser un peu de moi dans les endroits aimés, un moi qui continue à y vivre à la façon de L'Invention de Morel, sur des anneaux de temps parallèles.

Le parfum de Chondre

Quand j'arrive, en retard bien évidemment, Kozlika et Franck, Chondre et Snooze, sont déjà là.

Violent accès de jalousie en découvrant l'appartement de Matoo et Colin : certes il est spacieux, aéré, avec du plancher, avec une vue dégagée sans vis-à-vis proche, mais surtout, il est propre et rangé — moins de quatre semaines après leur emménagement. Quel est ce prodige? (Et c'est ainsi que je découvre que Matoo, malgré sa vaisselle sale, est maniaque. S'en suit une conversation compliquée sur les portes de tiroir et placard ouvertes ou fermées entre Chondre, Snooze et Matoo d'où il ressort qu'ils pourront jouer les couples échangistes, même si je ne sais quelle configuration recommander (faut-il mettre les fermeurs de portes ensemble, ou doit-on redistribuer les maniaques? Je ne sais.))

Nous ne verrons pas beaucoup Colin puisqu'il est enfermé en cuisine (mais Matoo ne l'a pas encore voilé). En contrepartie, il est bien clair que Colin n'est là QUE pour l'argent de Matoo, qu'il abandonnera dès que celui-ci aura été ruiné par le loyer exorbitant de cet appartement.

Discussion philosophico-juridique: le Pacs est-il un sous-mariage, un mariage du pauvre qu'il est déshonorant d'accepter quand on est homo ?
Discussion sociologico-éthique: vaut-il mieux pour un couple homosexuel masculin adopter une fille afin d'éviter d'être soupçonné de pédophilie; les gens vont-ils présupposer qu'un couple homosexuel poussera leur garçon à l'homosexualité? («Moi j'aurais peur qu'il ne soit pas hétéro, déclare Matoo en souriant, c'est ma vieille homophobie qui ressort», et cachant son visage dans ses mains, simulant le désespoir: «Mon dieu! nous avons foiré son éducation!»)

Au moment de partir, je fais la bise à Chondre et n'y résiste pas, il sent trop bon:
— Qu'est-ce que tu utilises, comme lessive? Ça sent super-bon.
— Ce n'est pas de la lessive, c'est mon parfum.
La gaffe. Je suis drôlement embêtée, j'essaie de ne pas le montrer.

Mais Chondre est parti dans des explications : il existe un blog sur les parfums, très probablement tenu par un "nez" de la profession, qui a parlé d'une ligne de parfums s'attachant à reconstituer les odeurs de propre. (In petto, je songe à l'odeur de sapin de Noël de Biff dans Embrasser une fille qui fume).
Le parfum de Chondre, c'est donc Warm Cotton de Clean.
Il faut que je me trouve ça.

Désordre

La maison s'enfonce dans l'informe.
Il faudrait que je songe à sortir le sapin de Noël (une semaine qu'on a enlevé les décorations, il perd toujours ses aiguilles aux milieu du salon).

Il faudrait beaucoup de choses.

Les événements palpitants de ce jour

Matin : Pris un RER plus tôt (ça n'a l'air de rien, mais c'est la première fois que cela arrive depuis la rentrée).

14 heures: rencontré Claire B. Plus pince-sans-rire que je ne l'aurais cru(e), et encourageante. Elle m'a donné plusieurs noms et un mot d'ordre: oser.

?? : à partir d'un twitt de Kozlika, je suis arrivée dans un blog au nom rigolo : sauvons la terre au lieu de manger des chips (Ce n'est pas incompatible (mais personne ne reconnaît jamais mes citations)). Et là catastrophe, je lis des jérémiades sur les chaussettes et l'esclavage des femmes.
Je crois que je vais faire ma Didier Goux: je vais râler en expliquant qu'elle a tort et que j'ai raison. Se plaindre d'esclavage en France, quand on tient un blog... Faut pas avoir honte.

* Mode d'emploi féministe :
Plier les chaussettes n'est pas obligatoire. Ni les mettre à l'endroit, ni les apparier. La chaussette sur le sol dans le passage peut y rester. La chaussette qui n'a pas atteint le bac à linge sale ne sera pas lavée. (S'il n'y a plus de chaussettes propres un matin: ah ben ça alors, ça c'est dommage...) Les moutons sous le canapé peuvent galoper: qui oblige qui que ce soit à y faire quelque chose? Ne font quelque chose que ceux et celles qui le veulent bien, pour des raisons qui leur appartiennent. Mais qu'ils ne viennent pas se plaindre en accusant la société (pas en France, pas dans nos sphères sociales (qu'on devine à travers nos blogs): un peu de pudeur, de grâce). 19h02: le Zuck est supprimé. Attendre celui de 19h17.

20h30. Je cuis les crêpes préparées par A. Sirop d'érable et poudre de noisette.

Je dois vieillir

Depuis la rentrée j'ai passé tous mes week-ends à faire la cuisine. Celui-là, pour changer, je l'ai passé à faire le ménage.

Violente allergie cutanée ce soir, peut-être due aux produits ménagers. Mes poumons sifflent comme ceux de la tante Denise, qui garde des séquelles d'une tuberculose mal soignée. J'aime bien, le bruit me tient compagnie. De temps en temps j'aspire à fond pour écouter les variations dans les sifflements de mes bronches puis j'expire en étant attentive à mon souffle épuisé. Mes yeux brûlent. Ce n'était pas une bonne idée d'oublier justement ce soir mes lunettes en allant attendre C. à la gare de Lyon. J'ai commencé la biographie d'Henry James par Edel. J'apprends que James père a terminé sa vie "converti" à Swedenborg (si je puis dire).
Swedenborg me poursuit depuis si longtemps que je finirai bien par le lire.

Ne pas parler de livre sur ce blog est une contrainte impossible à respecter. Les livres me paraissent décidément les seuls événements dignes d'intérêt.

Avis aux fétichistes

Bon, tant pis pour le niveau :
je repêche ce matin dans la poubelle (ce n'est pas moi qui l'ai jeté) un DVD neuf, jamais regardé: Women of Desire de Robert Ginty avec Bo Dereck et Robert Mitchum (comment est-il arrivé chez nous? une offre jointe à l'achat d'un autre DVD? aucune idée).
Comme j'ai du mal à jeter un DVD de cette icône des années 80, je lance un appel: y a-t-il quelqu'un pour recueillir ce chef-d'œuvre avant qu'il ne finisse à la poubelle?

Je vais finir par me coucher

J'ai trop dormi aujourd'hui: je n'ai pas sommeil.
J'ai trop dormi parce que j'avais de la fièvre. Allergie ou sinusite? Ou émotion d'avoir enfin réussi à ranger le dernier étage (y compris le transfert de quarante cartons d'archives et de jouets dans un réduit aménagé sous la charpente caché derrière des étagères: déplacer les étagères, vider le réduit (dans lequel il faut ramper parmi les toiles d'araignées (lâchement, nous y avons envoyé les enfants, sous prétexte qu'ils étaient plus petits)), monter les boîtes d'archives du rez-de-chaussée, extraire les cartons de jouets du grenier, trier, jeter, ranger, annoter, replacer les étagères)?

Bon évidemment, il y avait quelques compensations à se traîner dans la poussière, comme se déguiser en ninja, par exemple.


Commencé Conversions de Matthews. Je l'ai abandonné au bout de six chapitres pour entreprendre Locus Solus: Matthews s'est tellement inspiré de Roussel qu'il me semble préférable de lire dans cet ordre-là. Je me suis endormie.

Constaté hier que sk?ns n'avait rien trouvé de mieux que de me référencer sous les mots "nue sous son tablier". Je me demande ce qui l'a poussé à choisir ça (je ne mets pas de tablier). Voilà une description qui 1/ me pousserait bien à écrire des bêtises 2/ me fait craindre que certains, peu portés naturellement à explorer les blogolistes, ne se retrouvent ici malgré tout.
On verra.

Le sommeil commence à venir. Voilà une semaine que nous vivons sous le signe de Harry Potter. Est-ce avouable, vraiment? Tout a commencé vendredi dernier, quand nous avons écouté en voiture le tome I (enregistré en 2000 lors d'une lecture par Giraudeau sur France Culture: j'y avais passé la nuit, c'était avant les podcasts, eh oui (et c'est stupide, je sais. Il est même possible que ce soit pour cela que je l'ai fait)). En arrivant, nous avons entassé les bagages dans l'entrée et nous nous sommes installés devant le II (le film), parce que je ne l'avais jamais vu et que j'aime voir les acteurs grandir. Puis nous avons regardé le quatre, que je n'avais pas vu non plus (en fait, je ne regarde pas beaucoup de films, je préfère les séries américaines prévues pour petit écran). Puis j'ai repris le tome IV en livre, pour vérifier certains points, notamment relire les épisodes du labyrinthe et du cimetière. Puis j'ai passé la semaine à rouvrir les livres, le VI pour le souvenir de Slughorn, la potion felix felicis, le tatouage de Harry, l'épisode du lac, puis celui de la mort de Dumbledore, puis le VII, "King Cross station", le sauvetage d'Olivander et de Luna, la capture de la baguette de Malfoy, le dernier souffle de Snape et ses souvenirs... Et ce soir, retour aux films, le III, puis le V (je ne regarde pas de façon continue, je me lève pour mes moments préférés, comme les enfants (les patronus, bien sûr, et les feux d'artifice de Fred et Georges)).
Que quelqu'un m'explique ce que cette série console en moi.

Florilège:
un article littéraire sur l'utilisation et la déconstruction des stéréotypes dans le cycle Harry Potter;
une interview de J.K. Rowling à Havard (à l'écouter, je me dis qu'il y a beaucoup de résonances entre les souvenirs de Conrad voulant devenir marin et les souvenirs de Rowling voulant devenir écrivain);
et des muggles jouant au quidditch.

En rangeant, j'ai retrouvé mes notes de patristique. Je crois que je commence à avoir sommeil.

Les particules élémentaires

Je ne suis pas exactement allergique, dans la mesure où je n'ai pas le nez qui coule pendant des heures ou des jours, à m'empêcher de respirer et de manger, mais je fais une réaction amusante (pour les autres) aux particules micronisées: j'éternue.
J'éternue beaucoup: trois fois, quatre fois, huit, dix, quinze, vingt... Ça dépend. Ça fait rire. C'est épuisant.

Me fait éternuer le tanin du vin rouge (les premières gorgées), la poudre mentholée sur les pastilles Vichy ou les chewing-gums à la menthe, le diesel, tout ce qui se vaporise (parfum, déodorant), l'odeur de la plupart des produits ménagers.

Par conséquence, je supporte aussi peu la poussière que de faire le ménage.

11 et 12 août

  • lundi : rien

. Terriblement mal aux cuisses. Trop forcé hier. Je peux à peine descendre les escaliers. Cela m'impressionne, ça ne m'était jamais arrivé à ce point-là.

. Je continue à décrire Cerisy, même si cela m'effraie et si je me sens ridicule. Ne pas penser.

. Courses. Vérifié la présence de Play de Durex au Cora de Boussy-Saint-Antoine (je proposerais bien une enquête inter-blogs à travers la France et un repérage sur Google: cartes des grandes surfaces vendant Play.

. Sieste avortée.

. Equeuté les haricots verts puis terminé l'ourlet de la jupe jaune de A. en regardant Impitoyable. Etrange western. Réalisateur Clint Eastwood. Tout le film n'est qu'une longue parenthèse, commence par un arbre en ombre chinoise contre un soleil rougeoyant, termine de même. Tout le film est de guinguois, rien ne fonctionne comme il devrait. Mise en place de règles de morale et de justice dans un monde où les motivations et les mensonges des autres sont opaques: peut-on agir justement si l'on n'est pas omniscient? Tout tombe légèrement à côté, un peu trop fort sur certains innocents (mais pas tous), épargnant certains coupables (mais pas tous).
C'est Olivier qui m'avait envoyé ce film après que je lui eus parlé de 3h10 pour Yuma. Il faut croire que je lui avais bien expliqué l'atmosphère, les deux films appartiennent à la même famille des westerns étrangement moraux, tendant à penser que la pente du bien est plus naturel que celle du mal, et que les braves types sont plus nombreux que les sombres salauds.

. Quelques minutes d'attente, je rouvre Les Nuits attiques, parcours l'introduction. Lire, c'était presque toujours prendre des notes. (Eh oui.)

. Le soir, réunion MoDem pour préparer des élections internes. Toujours la même envie de rire et le même plaisir à arriver dans cette petite rue de pavillons de banlieue avec le soleil couchant dans les yeux: cela ressemble tant aux rues des premiers Léo Malet, j'ai l'impression d'être dans 120 rue de la gare.
Nous rentrons tard, agacés par tant de bavardages inefficaces. Visiblement, la plupart des personnes qui entrent en politique le font parce qu'elles ne savent que faire de leurs soirées.


  • mardi : l'Europe jusqu'à l'Oural

. Pain perdu pour mon beau-père. Un peu raté, je n'ai pas le pain qu'il faut. Mais il est heureux de ce clin d'œil à l'enfance, et c'est l'essentiel.

. Encore plus mal aux jambes qu'hier. Je ne peux pas descendre un escalier de face, je dois me mettre de côté, descendre une marche à la fois.

. Le voyage de Primo Levi. Des cinéastes ont décidé de refaire en 2005 le trajet de retour de Primo Levi en 1946, d'Auschwitz à Turin, raconté dans La Trêve. Ce film est court pour un si long parcours: beaucoup de montage, de nombreux choix, une bande sonore intéressante. Le film commence sur des images de Ground Zero et énonce qu'en des temps troublés, il faut peut-être se tourner vers le passé pour comprendre le présent et prévoir l'avenir. Ce film est extrêmement monté, disais-je, partial, subjectif, mais d'autant plus humain et chaleureux. Pologne, plaques de rues, la place Ronald Reagan côtoie l'avenue Jean-Paul II, friches industrielles, extraits de L'homme de fer, interview de Wajda, une pub pour Crazyguides (je n'étais pas sûre que ce ne sois pas une plaisanterie jusqu'à il y a quelques secondes), Russie, des vaches, des kolkhozes, des routes, des forêts, des champs, des marchés et des étalages dans les rues, des statues et encore des statues, monumentales, un chanteur ukrainien mort d'avoir chanté en ukrainien, la tentation du nationalisme ukrainien, la musique des fêtes foraines ukrainiennes cinq ans plus tard — une jeunesse désœuvrée sortie tout droit de Liverpool. Chaleureuse Biélorussie dont les réalisateurs se moquent doucement, par vengeance d'avoir été suivis et encadrés par le commissaire du parti responsable de l'idéologie. La Biélorussie semble vivre heureuse et hors du temps, Primo Levi y a passé un été avec ses compagnons et a noté la bonté et la joie de cette terre et de ses habitants, soixante ans plus tard cela paraît encore vrai. En toute logique ce seront les prochains à être rattrappés par la folie occidentale, je ne leur souhaite pas. Ukraine, Tchernobyl, 50.000 personnes évacuées devant tout laisser derrière elles (et les images de l'herbe folle au milieu des grands ensembles (Tchernobyl est la catastrophe de ma jeunesse, elle m'aura marquée davantage que le 11 septembre: la chute du mur, la fin de l'appartheid, Tchernobyl, le 11 septembre, dates)); la Moldavie paraît une terre de désolation, on y regrette les kolkhozes, la terre est intégralement cultivée à la main, il n'y a pas de machine agricole. Roumanie, usine de sacs à main italiens, Hongrie, Primo Levi note qu'enfin la vieille Europe, leur Europe, apparaît devant leurs yeux, l'alphabet redevient lisible même si incompréhensible. Autriche, façade de la maison natale d'Hitler, Munich et une réunion de nationalistes allemands, Italie. Que va-t-il se passer maintenant, qu'allons-nous trouver, angoisse des revenants.
Mario Rigoni Stern: «Cette année, je ne suis pas aller skier. Vous comprenez, à quatre-vingt ans passés, si je me casse la jambe, on me traitera d'imbécile». J'ai la surprise d'entendre des lignes que je reconnais aussitôt: en cadeau d'adieu, mon libraire m'a offert un petit livre hors commerce, Pour Primo Levi, c'est ce texte que j'entends, écrit (ou simplement publié?) après le suicide de son ami.
Et tandis que je me souviens bien du film, j'en ai oublié la fin. Il boucle, il boucle sur la neige tombant sur Auschwitz, je crois.

. Les affiches du cinéma du Reflet. J'ai raté A History of Violence, Parfum de femme a l'air intéressant, je ne sais pas si j'aurai le courage d'aller voir Aguirre, la colère de Dieu. Librairie la Compagnie, je n'ouvre aucun livre, suf Le jardin des Finzi-Contini dont je relis les trois dernières pages. Je passe devant le Collège de France, le tabac est fermé, je monte vers "la cantine", passe dans rue de l'école polytechnique, renonce à acheter des cigarettes, renonce devant la carte du bistrot, retourne au Russe de la rue de l'école polytechnique.

. Bortsch, raviolis, verre de vin. Je lis Salceda.
En face de moi, deux vieilles dames ont sympathisé. L'une parle russe, l'autre moins bien. L'une habite dans les environs de Versaille, l'autre rue de Crimée. La première prend avantage sur l'autre, décrit ses voyages, son apprentissage de la langue («Du bortsch, il y en a partout, mais ils sont très différents. J'en ai mangé en Sibérie, c'était autre chose!» Elle rit.) La seconde parle cinéma, évoque Ballerina, qui passe actuellement au Reflet, la première n'admet qu'au bout de quelques minutes qu'elle ne va jamais au cinéma. Elle part. La serveuse apporte à la première ce qui ressemble à une plaquette de beurre, enveloppée dans du papier argenté. C'est de la glace ou de la crème entourée de deux gaufrettes.
Une autre table m'est cachée en grande partie. Un homme, une femme qui doit avoir soixante-dix ans puisque sa mère, en face, en a au moins quatre-vingt-dix. Je ne vois que le dos de la fille, son chignon, ses beaux cheveux d'un blond cendré. Il faudra retrouver cette couleur quand je ferai teindre mes cheveux. La mère a un très petit visage, des yeux incommodants à force d'être bleus, une auréole de cheveux très blancs. Elle est sourde mais conserve sa vivacité d'esprit. La fille parle: «Balbina était... Tu aurais aimé Balbina... Elle m'a beaucoup influencée... Sa grande maison... La Giudecca... c'est comme Prague... villes-musées...». Je pense à Hannah Arendt, à sa réflexion à propos de Rosa Luxembourg: seuls les Juifs des années trente auront été véritablement européens, de par leur multi-culturalisme et leur maîtrise de trois à quatre langues.
Une troisième table est occupée par deux hommes d'affaire. Le blond saluera la serveuse en russe en partant. C'est un restaurant qui ne paie pas de mine, avec une carte très simple, visiblement apprécié de ceux qui veulent retrouver un peu du pays.
Je songe. Peut-être faut-il adopter le point de vue de ces westerns étranges, peut-être faut-il abandonner cette idée d'entropie, de malheur, de déchéance, de désagrégation toujours en marche, et penser que la pente naturelle de l'homme est de chercher la paix, la joie et une certaine civilisation. Peut-être.

. Retour à la maison. H. a trié le placard de O., jeté (seule façon de ranger, à mon avis), remis les étagères et le bureau dans la chambre. Il lui propose le grand lit à la place du sien, O. est enchanté.
Je range un peu le dernier étage, tâche sans fin; pour une raison incompréhensible il faut toujours tout réorganiser (me voilà avec une pile de draps une place à devoir ranger. Je vais faire un échange avec les draps en lin de ma grand-mère actuellement dans un carton (j'ai tant de ces draps qu'ils ne tiennent pas tous dans mes armoires)). Et où va-t-on mettre ce matelas? Nous voilà avec deux lits superposés à donner ou à vendre.
Je monte et descends des livres, reclasse des étagères. J'ouvre des livres, je suis agréablement surprise par quelques notes jetées sur un post-it en début de Comment j'ai écrit certains de mes livres, je parcours un numéro des Cahiers du Chemin (1971), tout était déjà là, et le sommaire du numéro de Formules qui représente les actes du colloque de 2001. Que faisais-je en 2001 durant l'été? Ma grand-mère venait de mourir, j'ai commencé un régime draconien, les tours étaient encore debout, j'étais encore à Sérénis, je ne lisais pas encore Renaud Camus.

. Mes beaux-parents s'en vont. Il est 22 heures. J'écris.

Semaine 17

Samedi 19 avril

Levée état caoutchouteux. Tellement à la bourre qu'on a fini au chinois. Après-midi dans un gymnase de Ste-Geneviève-des-Bois. Dans les tribunes, un canapé et un fauteuil en velours râpé. Je m'endors dans le fauteuil. Il n'y a pas de micro, l'atmosphère est étrangement calme malgré le poc obsédant des balles, je dors. Plus tard, un père et son fils de huit ans jouent à la DS sur le canapé. Le père refuse de jouer en réseau, il ne veut pas se prendre une tôle, avoue-t-il en riant.
Il fait beau, la municipalité de Sainte-Geneviève a dû recevoir une dotation en tulipes. Elles sont magnifiques.

Dimanche 20 avril

On m'a laissé dormir. Je ne me souviens de rien.

Lundi 21 avril

Bêche et pioche. Ampoules. Chaque fois je pense à Martine, qui m'avait dit que l'un des passages qui l'avait le plus impressionnée dans Autant en emporte le vent (le film) était celui où Rhett saisit les mains de Scarlett venue lui rendre visite en prison et s'aperçoit aussitôt qu'elle a travaillé la terre et comprend qu'elle est dans la misère: les mains d'une vraie dame sont blanches et douces.

Mardi 22 avril

Je range l'étage en laissant tourner Out of Africa. Je connais si bien ce film que les dialogues me suffisent à voir les images. J'aime profondément la voix de Meryl Streep qui intervient en off dans la bande-son.
Mail de Thessalonique: c'est oui !
Corvée de pluches. Gratin dauphinois (du lait des pommes de terre de la crème, jamais de fromage). Beaux-parents.
Lorsque je fais remarquer à H. que nous avons dix-huit ans de mariage depuis la veille, il s'exclame avec conviction: «Putain!!!». Parfois j'aimerais avoir droit à des réponses de roman-photos (mais résisterais-je alors à la tentation de me moquer?)

Mercredi 23 avril

Dans le RER, malendus agaçants avec notre voisine de banquette qui veut à toute force faire la conversation. Elle suppose: «? Journée à Paris pour une sortie culturelle?» Euh non, pas exactement: j'abandonne les monstres qui vont voir Bienvenue chez les Ch'tis pour ensuite manger au MacDo puis lire des mangas à la Fnac jusqu'à six heures du soir. Je me tais, je ne veux pas l'horrifier. Me font rire et m'agacent, ces gens qui veulent construire des enfances parfaites à leur progéniture. Je veux lui donner du n'importe quoi et de la liberté, afin qu'elle se fabrique des souvenirs.
Le coiffeur me trouve une ressemblance avec Adeline, je ris, et encore plus en tapant ces lignes après avoir cherché une photo. Je regarde des photos de Gilardi dans Gala, et d'autres de J-Lo et de ses jumeaux (Rien de plus faux que ces photos, une mère de jumeaux ne ressemble pas à ça, et si elle y ressemble, c'est dommage). Je viens dans ce salon parce que les coiffeurs sont adorables. La shampouineuse est une jeune grosse blonde à la poitrine abondante, pas du tout 8e arrondissement, du genre à mettre en toute inconscience un soutien-gorge noir sous un haut rose trop transparent qui la boudine. Elle aussi est très gentille. J'aime les gens gentils, ils me rassurent, je peux traverser tout Paris uniquement pour retrouver des commerçants gentils (et puis il faut boycotter les cons).
Je passe à la librairie, mes livres sont arrivés, je commence dans Vie politiques le chapitre sur Isak Dinesen, l'écriture d'Hannah Arendt est toujours aussi concise. (Et ce soir, en vérifiant l'orthographe de "Meryl Streep", je tombe sur cette phrase extraordinaire de Wikipédia à propos de Karen Blixen: «Sa syphilis semble avoir été guérie de son vivant mais pourrait avoir été une cause de sa mort.»)
Vélib. Il fait beau. Arrêtée au feu devant l'Assemblée nationale, je contemple la Seine et les toits gris du Louvre qui flottent au-dessus des frondaisons des arbres le long des quais. Paris.
Trois livres dans les bacs de Gibert, je confonds Le Ranch de Flicka et L'herbe verte du Wyoming (zut) et je trouve Le Jeu de la dame en grand format. T. le connaît, ça me fait plaisir.
Cantine, rires, peine d'amour, vélos, côte, librairies, il faudrait sans doute que je recharge mon compte Vélib, ma carte ne me permet plus de retirer de vélo. J'arrive en retard chez Mariage.
Ma mère arrive ce soir, stress. Ne pas y penser.

Jeudi 24 avril

Journée dans le jardin. Epuisée à midi par une matinée de piochage, j'ai honte. Jardiner une journée n'est pas qu'une utopie d'emploi du temps, c'est également une utopie physique: je n'en suis pas capable.
Sieste. Je commence L'Aliéniste.
Je tonds malgré tout la pelouse l'après-midi. Peu de temps après, il pleut. Je coupe mes ongles très courts pour me débarrasser de la terre et des traces d'herbe (je découvre sur wikipedia des précisions kâmasûtriennes sur l'usage des ongles... (mdr)).

Vendredi 25 avril

Nous ne sommes pas retournées travailler au jardin. Perdu la matinée je ne sais comment, en parlant avec ma mère, je suppose (ou en l'écoutant). Nous ne nous sommes pas disputées, nous ne nous sommes pas disputées, elle n'a pas pleuré, tralala...
L'après-midi, maman veut rendre visite à une amie opérée à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, elle craint de se perdre dans le RER, je l'accompagne. L'opération est impressionnante, ouverture de la boîte cranienne pour atteindre l'arrière de l'?il, un énorme bandage entoure la tête de l'opérée, on se croirait dans un film. Délicatement, la panseuse a laissé une oreille accessible. L'amie de maman n'a pas perdu son humour (assez remarquable vu les tribulations de sa vie par ailleurs). J'apprends que c'est elle qui m'a portée sur les fonts baptismaux en l'absence de ma marraine.
Nous rentrons de la gare à pied. Soleil. Maman part. Deux jours sans se disputer. Elle a même paru apprécier les périodes de délire que sont (souvent) les repas. A retenir des conversations du déjeuner: dans l'hémisphère sud, le soleil se trouve de l'autre côté de l'écliptique, il convient d'en tenir compte lorsque qu'on essaie de planter sa tente au mieux pour la sieste (souvenir d'un voyage de ma mère au Bostwana).
H. est rentré furieux d'un passage chez les revendeurs Apple rue du Renard: son écran 30 pouces vire au vert depuis deux ou trois semaines, en anglais le bug s'appelle "dancing pixels". Verdict: le défaut est connu, cet écran n'est pas réparé, les revendeurs en font l'échange standard, s'il n'est plus sous garantie, cela revient à en acheter un neuf... Une petite fortune. Quelques recherches sur Internet plus tard, nous trouvons la cause du problème et sa solution (c'est si bizarre que je l'écris ici, dans l'espoir de rendre service à quelques geeks égarés): l'écran chauffe trop, il convient donc d'en régler la luminosité et la bande passante (voir la réponse de Richard Jacobson ici (le 27 octobre 2005)), le logiciel de contrôle de l'écran se télécharge ici.
Je ramasse Le Jeu de la dame qui traîne sur la table du salon, H. l'a relu hier, je l'ouvre, je m'y plonge, je prépare du thé.
Je me demande si je vais bloguer ce soir, moins on blogue, moins on blogue, je ne sais plus si j'ai envie/le courage d'être sérieuse ou pas, par instants je voudrais ne connaître aucun de mes lecteurs pour me sentir libre de pondre soit des posts à mourir d'ennui, soit des posts total délire, mais je sais bien que les quelques personnes avec qui j'ai "naturellement" envie de discuter désormais sont toutes des blogueurs ? ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes avec toutes les autres (je m'ennuuuiiiie. Rien à leur dire).
Je décide de me plonger dans cette recension lacunaire, temps qui passe. Il s'agit d'écrire ou de cesser d'écrire. Il n'y aura pas, as usual, de juste milieu ("le sens de la mesure", dirait le psychiatre dans Mrs Dalloway).
Pendant que je tape ces lignes, H. et C. hurlent de rire en lisant les commentaires de ce post (si vous m'offrez le T-shirt trollesque des commentaires, je jure de le porter). C'est très geek, ce soir.

semaine 10

samedi 1 mars
Je passe un quart d'heure au rayon des savons à chercher un produit pour la douche qui fasse aussi shampooing, en vain, jusqu'à ce que je me souvienne que ces produits ont pour nom "marine" ou "fraîcheur eucalyptus". Je me dirige vers le rayon des déodorants masculins: bingo. Une femme est visiblement censée se déplacer avec deux produits. Je suis agacée.

dimanche 2 mars
M. le Maudit à 11 heures à L'Arlequin. Je reste stupéfaite de l'exacte coïncidence avec la (non-?)réflexion actuelle sur la responsabilité juridique des assassins obéissant à une pulsion meurtrière.
Après le film est prévu une séance de questions. Le premier intervenant me fait rire, qui veut absolument interpréter la foule des hors-la-loi comme la population allemande des années trente aux sympathies nazies. Il me semble plutôt que c'est nous, la foule informe de toutes les époques, que représente cette assemblée de repris de justice. Une phrase du film sur la loi et l'Etat destinés à protéger l'individu de l'arbitraire me fait frissonner: dans l'Allemagne des années trente, ce ne sera plus vrai longtemps.
Après-midi, piscine.

lundi 3 mars
No country for old men.
Il faudrait tout de même que les cinéastes français apprennent à faire une bande-annonce. Elles sont beaucoup trop longues. Je n'irai pas voir L'heure d'été, les acteurs sonnent faux dès la bande-annonce, ni Modern love, ni MR73, car j'ai bien peur d'avoir vu le meilleur, images et sons, dans les quelques minutes de la BA. Ninja panda ou Panda ninja a l'air déjanté.

mardi 4 mars
C. me réveille à 4 heures du matin. Il a une otite.
Un entretien d'embauche près de la grande bibliothèque à 11 heures. Il fait froid, il y a du vent. Le quartier est agréable. Je remonte ensuite jusque dans le XVIIIe arrondissement pour rendre le Pléiade Contre Sainte-Beuve que j'avais emprunté. (Comme une idiote, je n'ai réalisé que trop tard qu'il contenait aussi les pastiches). C'est une mauvaise idée d'emprunter des livres aussi loin de mes traces habituelles, cela fait perdre trop de temps. Guinness et beignets de brie. Compagnon s'est coupé les cheveux; son cours tient mieux la route. L'intervenante est une petite femme en pull gris portant un énorme cartable rouge qu'on s'étonne qu'elle réussisse à porter.
H. rentre ce soir.

mercredi 5 mars
Un entretien à 11 heures, cette fois-ci à Vincennes. Il fait magnifiquement beau. Paul, près de la Madeleine, puis Cyril (ami de Guillaume, pour lui remettre Journal de Travers de sa part), trois minutes, à Vincennes.

jeudi 6 mars
4 minutes. A la vue de la bande-annonce, j'avais peur d'un film larmoyant, en fait, c'est très bien. Quelques maladresses ou invraisemblances sont compensées par les actrices, et la bande-son est, bien entendu, irrésistible.

vendredi 7 mars
C. m'installe ''Eyes in the sky'' comme sonnerie de portable.
Hervé cherche des idées d'applications à développer pour l'iphone. Je m'écroule en larmes. Je réalise que j'ai détesté l'époque Newton. Je ne veux pas que ça recommence. Je suis impressionnée par la violence de ma détestation, de mon refus de revivre cette période.

samedi 8 mars
Je trie des papiers en regardant successivement Get shorty, La Mort dans la peau et La Mémoire dans la peau. (Ça fait beaucoup de papiers, et de livres (liste des livres en cours retrouvés et mis en pile (le suivant étant généralement commencé parce que je ne sais plus où j'ai posé le précédent): Conférences de Borges (par besoin d'une citation), Les Essais de Montaigne (à cause de Compagnon), Don Juan et son double (commencé cet été, je ne sais plus pour quel livre urgent je l'ai abandonné), Théâtre ce soir, Viles Bodies (enfin retrouvé, je l'avais perdu depuis une semaine), Notes achriennes (presque fini, et comme il ne me restait que vingt pages, j'en ai emporté un autre pour les trajets en RER et je ne l'ai jamais terminé), Mrs Dalloways (emporté à la place de Viles bodies parce que je ne voulais pas paraître snob en lisant en anglais dans je ne sais plus quelle circonstance) et The Looming tower (interrompu pour reprendre des forces: il me déprime car je connais la fin) et de cartes postales. Lorsque j'aurai fini (cette nuit?), j'aurai terminé une tâche en cours depuis 1994 (date de l'avant-dernier déménagement)).
Demain, je suis coincée de 8 heures à 23 heures dans un bureau de vote. Quand vais-je transcrire Proust?

Bonne année ! (les huit lois du temps)

Je n'avais pas voulu vous infliger cela pendant les vacances. Il s'agit d'un article de Management de décembre 2007: les huit lois du temps qui vous rendront plus efficaces. Ce qui m'amuse, c'est que ces huit lois ont toutes des noms, et que l'article indique leur origine. C'est pour cela que je le copie ici: pour garder trace de ces noms.
Non seulement je copie des extraits de l'article, mais je vous inflige mes commentaires. Voilà donc un post totalement management de l'entreprise et self-help (je devrais avoir honte, mais cela m'amuse plutôt. J'ai lu récemment tant de blogs qui traitent de ce genre de sujet.)

Loi de Douglas : rangez votre bureau
Selon la loi dite de Douglas (dont l'origine s'est perdue), «les dossiers et les documents s'entassent jusqu'à remplir tout l'espace disponible.»
Vrai. Intérêt de ranger: réel. Libère l'esprit et fait gagner du temps.
Explication d'une amie bretonne à propos d'un chef dont le bureau était vide quand il partait:
— C'est un marin.
— Quel est le rapport ?
— Dans un bateau, tout ce qui n'est pas rangé tombe et roule.
Parfois quand je contemple ma cuisine je me dis que je devrais faire un stage de voile.

Loi de Carlson : limitez les interruptions
Dans les années 1950, en Suède, le professeur Sune Carlson a chronométré l'activité de dizaines de managers. Résultat : ils étaient interrompus toutes les vingt minutes en moyenne. Il en a tiré la loi des «séquences homogènes», selon laquelle effectuer un travail en continu prend moins de temps que le faire en plusieurs fois, car il faut au moins trois minutes pour se concentrer de nouveau, ce qui engendre fatigue et sentiment d'inefficacité.
Pas grand chose à dire. Je crois que la seule façon d'être tranquille, c'est soit d'avoir très mauvais caractère, soit de décaler ses horaires, et "travailler" (ici, réfléchir) avant que les autres n'arrivent, ou quand ils sont partis (quand il tombe une sorte de paix dans les bureaux, à l'heure où il ne reste que la femme de ménage).

Loi de Murphy : gardez une marge pour l'imprévu
L'ingénieur à l'US Air Force Edward Murphy a édicté cette loi en 1949 à la suite d'une expérience mesurant les effets de la décélération sur les pilotes. Or l'assistant chargé d'installer les capteurs d'effort sur les chimpanzés cobaye les avait montés à l'envers... D'où ce constat: «Une tâche prend toujours plus de temps qu'on ne l'imagine. Et ce qui peut mal tourner tournera mal.» C'est pourquoi elle porte aussi le doux surnom de «loi de l'emmerdement maximal».
Je suis ravie et surprise d'apprendre qu'il y a une origine identifiée à cette loi.
Loi du métro: c'est toujours la rame d'en face qui arrive quand vous attendez.
Loi de Murphy appliquée: plus vous aurez tout prévu, plus il arrivera autre chose, mais mieux vous ferez face à cet imprévu imprévu (jamais compris pourquoi, mais ça marche comme ça).

Loi de Pareto
En 1906, l'économiste italien Vilfredo Pareto a formulé ce constat devenu célèbre : 20% de la population concentre 80% des revenus. Ses disciples se sont ensuite penchés sur l'entreprise et ont observés que 20% du travail effectué produisait 80% des résultats.
La loi des 20/80 est applicable à un nombre impressionnant de cas.
Cependant, je ne suis pas forcément d'accord avec ça, cela dépend comment on définit l'essentiel. La gestion des priorités ne se fait pas forcément par rapport à "l'essentiel" mais aussi par rapport à l'urgence. La grande mode est de dire que l'urgent ne doit pas empêcher de traiter l'essentiel. Je dirais plutôt qu'il faut se débrouiller pour traiter les tâches suffisamment tôt pour que le plus grand nombre ne devienne jamais urgent.
L'un de mes premiers chefs avait pour objectif une journée d'avance dans toutes les tâches. Dans cette journée d'avance se glissait alors la loi de Murphy, comme si la perfection appelait la catastrophe (la vertu appelle le péché?) Avec le temps, je me dis qu'il s'agit plutôt d'un rapport à l' ubris : la satisfaction de soi attire la colère des dieux… enfin bon.

Loi de l'Ecclésiaste : variez vos activités
Traduction pour les managers du XXIe siècle: afin d'être efficace, changez d'activité au cours de la journée.
Oui, bon. Celle-ci me paraît inutile tellement elle va de soi.

Loi de Parkinson : fixez-vous des délais
En 1958, le professeur Cyril Northcote Parkinson a tiré une théorie de son étude de l'administration britannique: «Un travail occupe tout le temps prévu pour sa réalisation». Ou, autrement formulé: «Tout travail tend à se dilater pour remplir le temps disponible.»
C'est en fait la loi de Douglas appliquée au temps. La plus vraie et la plus dangereuse, celle qui explique que les gens les plus occupés sont ceux qui ont le temps de faire le plus de choses et que ceux qui n'ont rien à faire ne font rien…
C'est ma loi préférée, la dérive qu'il faut maîtriser à tout prix.

Loi de Laborit : faites le plus difficile en premier
Le biologiste Henri Laborit, rendu célèbre par le film « Mon oncle d'Amérique » d'Alain Resnais, a consacré sa vie à l'étude du comportement humain. L'inventeur des neuroleptiques a notamment montré que l'homme est doté d'un «programme biologique de survie» qui lui fait fuir le stress et rechercher en priorité le plaisir. Cette loi a été vulgarisée sous l'appellation de «loi du moindre effort».
Je ne suis pas tout à fait d'accord: ce n'est pas le plus difficile qui est source de stress, c'est le remord. Faire en premier ce qu'on a le plus de remord de ne pas avoir encore fait, afin de se libérer l'esprit. Et de façon générale, commencer. Le plus stressant, c'est de repousser à plus tard. Le moindre effort, c'est donc de s'y mettre (élémentaire, mon cher Watson).

Loi d'Illich : accordez-vous des pauses
Penseur autrichien décédé en 2002, Ivan Illitch était une figure de la contestation capitaliste. Il a formulé les effets pervers du progrès technique et a énoncé la loi des rendements décroissants au bureau: «Au-delà d'une certaine durée, on devient moins productif, voire contre-productif.»
Bizarre destin pour un penseur anti-capitaliste que de devenir un gourou de la productivité en entreprise… (est-ce que j'ai bien compris?)
Je pense que cette loi n'a rien à faire là, c'est une reformulation d'un condensé des lois de l'Ecclésiaste et de Pareto. Le journaliste devait souhaiter une huitième colonne pour sa mise en page.

Rangement

Passé la journée à trier des papiers. Plus un papier devient ancien, plus il est difficile à jeter; il est plus facile de se débarrasser de la facture d'un appareil acheté en 2005 et désormais hors garantie que d'une facture remontant à 1988 — surtout qu'il n'en reste qu'une d'aussi ancienne.

Il y a surtout les coupures de journaux que je collectionne depuis 1990 sur tous les sujets, dès que quelque chose retient mon attention, les éditeurs, les auteurs, les libraires, la démographie, le dossier de l'eau au Proche-Orient, les activités de Khadafi junior, «la reconnaissance mutuelle d'Israël et de l'OLP, un tournant historique» (Les Echos, 10/09/1993), un article de Courier international de juin 1994 mettant en cause la France dans les massacres rwandais (traduction d'un article de Mark Huband paru dans The Weekly Mail and Guardian - Johannesburg), un portrait de Hans Blix, des coupures amusantes, etc.

Mais on peu être un homme libre et avoir ses petites faiblesses. Une de ses notes de frais [d'Albert Londres] est restée fameuse: «Achat d'un cheval: 1.000 yen. Revente du cheval: 1.000 yen. Total: 2.000 yen.» Il fut réglé sans discussion. On raconte qu'autrefois la presse menait grand train...

L'Agefi du 12 mai 2004, à propos du 66e prix Albert Londres (du temps où L'Agefi paraissait encore sous format papier).

Evidemment, le classement n'avance pas vite puisque j'en profite pour googueuliser au fur à mesure, par exemple pour savoir ce que devient Laleh Seddigh, dont je possède un portrait paru dans le New York Times en mai 2005. Hélas, le conte de fée a l'air de mal tourner.

En faisant une recherche sur le philarmonique de Berlin, j'ai trouvé un concours/classement de meilleurs blogs comme il s'en tient régulièrement. Celui-là est d'origine allemande. J'ai regardé quelques blogs français, assez vite: mes préférés pour le moment sont un blog tenu par un expatrié à Kinshasa (je simplifie) (j'ai décidément un faible pour les blogs d'expats, ils présentent de plus l'intérêt de donner en lien d'autres blogs d'expats) et un blog de photographies d'insectes et plus généralement de très gros plans de la nature (escargots, gouttes d'eau, etc).

Bon, je retourne à mon classement.

Quelques nouvelles

  • regardé Divine mais dangereuse pour expliquer à C. l'association d'idée qui avait mené au déguisement pour les quarante ans de O.
  • regardé 7 jours et une vie, sur la lancée. Edward Burns reste l'un des plus beaux acteurs actuels, étrange qu'on ne le voit pas davantage.
  • regardé Un jour sans fin pour la x-ième fois. Que d'efforts pour une journée parfaite.

Oui, j'ai fait le pont.

Attaqué le classement des papiers accumulés depuis deux ans dans un carton ayant contenu des oreillers. 60 x 50 x 35 cm de papiers. Retrouvé la carte de Ch. datant de janvier dernier, et donc l'adresse pour lui écrire.

Coup de fil de mon garagiste qui a trouvé le billet que je lui ai consacré. C'est embarrassant. Il nous a donné l'adresse du garage où il travaille désormais.

Malade. C'est pénible. (Retrouvé en triant et classant mon attestation de carte vitale. Elle est périmée).

Résumé

Week-end un peu difficile, à base de plombier, réunion de classe, goûter d'anniversaire, pique-nique à la kermesse, montage de cinq armoires et deux lits.
La bonne vieille règle s'applique une fois de plus: chaque fois qu'on essaie de ranger et d'ordonner un peu cette maison, elle finit dans un désordre indescriptible.

A la kermesse, trouvé Les Misfits (le livre (sous-titré Les désemparés, traduction qui me plaît)), et surtout, pour trois euros, Les Fables de La Fontaine éditées par René Radouant (1929) dans l'édition cartonnée gris pâle des classiques Hachette. Je soupçonne mon oncle d'avoir récupéré l'exemplaire que j'ai tant lu chez mes grands-parents (ce qui est sans doute normal, puisque c'était sans doute le sien).

Complainte ménagère

L'un des charmes de la lecture de Renaud Camus, c'est qu'à peu près tous les sujets sont abordés au détour d'une page.

Ainsi ce matin j'arrive au §125 de P.A. page 52 (première version du futur Vaisseaux brûlés, mis plus tard en ligne) :
125. Avant même d'être une incapacité à gérer l'espace, le désordre domestique (au moins dans mon cas) me paraît être une incapacité à gérer le temps (796-797) : on sait bien qu'avant d'entreprendre ceci, il faudrait en finir avec cela, ranger ses vêtements de la veille avant d'enfiler ceux du jour, clore ce dossier avant d'aborder cet autre, finir cette phrase avant d'ouvrir cette parenthèse, ou de lui infliger cette note [*3]. Mais l'urgence vous tenaille (ne serait-ce que sous la forme du désir : on est impatient de faire ceci, de faire cela, on se dit que mieux vaut profiter de cette envie que l'on a de cet accomplissement particulier à ce moment donné pour se débarrasser du labeur qu'il implique, on saute les préliminaires, on choisit de les ignorer […], on effectue ce que nous invite à effectuer la détermination idoine que nous trouvons en nous, on se dit que ce sera toujours cela de fait), le téléphone retentit, quelqu'un sonne à la porte, vous allez être en retard à votre rendez-vous et vous ne pouvez pas laisser partir le courrier sans avoir répondu à ce malheureux réfugié algérien qui sollicite votre aide, ni écrit aux Duchemin qui viennent de perdre leur mère : tant pis, vous rangerez vos chaussures après, vous plierez plus tard ce pull-over abandonné, vous remettrez une autre fois ce disque dans son coffret (quant à faire votre lit, n'en parlons même pas !).
L'ordre et le ménage représentent une forme de lutte contre l'entropie, finalement. C'est fou comme le chaos semble être l'état naturel du monde. Ce qui me laisse rêveuse dans le ménage, c'est la façon dont il est facile d'en faire une activité à temps plein : il y a toujours quelque chose de plus à faire, un placard à vider, une vitre à briquer, et puis les chaussures n'ont pas été cirées depuis longtemps, etc. Il suffit d'être un peu perfectionniste pour être englouti, ou au moins éternellement insatisfait.
Est-ce plus facile quand on est myope? (Souvent je me dis que les myopes doivent être protégés des laideurs superficielles du monde. Voir moins, cela doit être reposant, quand il s'agit de poussière sur les meubles.)

J'ai rapporté de Stokholm un magnet qui proclame : "A clean house is a sign of a wasted life". Mais le contraire ? Une maison en désordre approximativement propre est-elle le signe d'une vie réussie?

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Retour

Rentrés à 4 heures du matin. Il fait 17° dans la maison. Allumé le chauffage.

Il manque une chatte (sur deux). En revanche, la chatte des voisins a élu domicile dans la maison, je n'ai pas encore réussi à la faire sortir.

Bonne surprise, la maison était à peu près en ordre quand nous sommes partis, ce qui est rare (cela est dû à une invitation que nous avions lancée et oubliée : la veille de notre départ, notre ami O. appelle et demande innocemment : «Faut-il que j'apporte quelque chose ce soir (ie, vin, dessert)?» Euh… pourquoi tu viens? Bref, panique à bord, ménage et rangement en deux heures de temps (c'est à peu près tout ce qui peut m'amener à faire attention aux contingences matérielles. Il y a belle lurette que j'ai décidé de les négliger).
Finalement, c'est bien.

A peine arrivée, j'ai ouvert Rannoch Moor que je n'avais pas emporté en vacances («Mais qu'est-ce que tu fais?») : en feuilletant l'anthologie poétique de Gide dans la Pléiade chez un ami, j'avais trouvé la phrase suivante de Corinne de Mme de Staël en exergue à un poème de Jules Laforgue (Complainte des débats mélancoliques et litéraires) : «On peut encore aimer, mais confier toute son âme est un bonheur qu'on ne retrouvera plus.» J'étais persuadée d'avoir lu cette phrase dans Rannoch Moor, mais où?1 2

Cherché dans les alentours de la page 142. Rien. Peut-être voir du côté du voyage en Écosse? (Je sais, tout cela ne fait que prouver que ce "repérage" des livres est illusoire : ce n'est jamais ce qu'on cherche qui s'y trouve. Je ne suis pas si naïve, je l'ai toujours su. Mais c'est aussi parce qu'on sait bien mieux ce qui s'y trouve qu'on est toujours en train de chercher autre chose. Ça n'a au fond pas grande importance, tout cela n'est jamais que prétexte et encore prétexte.)

Matin.
Bu un thé. Gratté la tête du chat. Constaté un peu désabusée que je reçois désormais des catalogues qui proposent des ceintures de maintien, des charentaises et des protections pour énurétiques. Musé un instant sur les services marketing de ces sociétés par correspondance. Ce ne doit pas être très amusant d'y travailler.

Détail : la seule carte postale dans le courrier est due à une erreur du facteur (erreur de ville). Je la reposterai demain.


Notes
1mise à jour le 06/05/2007 : cette phrase se trouve p.216 d'Été.
2mise à jour le 03/01/2008 : Corée l'absente, p.554.

Nostalgie geekeste

En juillet, des fourmis se sont installées sous le toit. H. a vidé le grenier pour les déloger et ce faisant a redécouvert sous les combles ses ordinateurs NeXT, un cube, une "pizza", trois écrans. Il les a redescendus d'un étage.
Aujourd'hui, sous prétexte de faire du rangement, il a décidé de les rebrancher. Il a fallu retrouver les claviers, les souris, ouvrir les capots, passer les cartes électroniques à l'aspirateur pour les débarrasser des araignées et des cadavres de fourmis (bugs!).
La station, puis le cube, ont redémarré du premier coup. H. est heureux.

J'aime beaucoup ses articles. De temps en temps je vais les relire. Il me semble que celui qui voudrait comprendre dans quelle ambiance j'ai vécu entre vingt et trente ans, vingt et trente-cinq, peut-être vingt et quarante, n'aurait qu'à lire ça. Je ne suis pas informaticienne, je n'ai jamais programmé une seule ligne, mais j'étais là. Je me souviens des galères, des diagnostics incompréhensibles. J'attendais en silence, j'avais un livre ou j'allais jouer au tarot. J'avais appris à multiplier par trois ou par cinq tous les temps qu'on me donnait : "j'en ai pour une demi-heure" signifiait que j'avais deux heures devant moi, peut-être trois. Et les nuits, toutes les nuits blanches, sous prétexte que la communication avec les Etats-Unis marchait mieux la nuit… Un court récit de ce type me remplit de nostalgie :
Ce terminal était rapide : dix caractères par seconde. Je l'avais monté à onze, ce que l'ASR-33 supportait, même s'il faisait un drôle de bruit (mais impossible d'aller jusqu'à douze). Cette vitesse correspondait à une transmission de 110 bauds, ce qui est la raison pour laquelle tous les programmes de télécommunication du monde doivent encore supporter cette vitesse lamentablement lente : quelque pauvre hère pourrait encore avoir, quelque part, un télétype. L'ordinateur disposait de disques durs d'environ 20 mégaoctets. Les trois quarts de ces disques étaient interdits pour une raison purement politique l'administrateur essayait d'obtenir un disque plus gros, et tentait d'appuyer sa demande par des plaintes d'utilisateurs mécontents, plaintes qui, il l'espérait, se multiplieraient à cause de l'espace disque insuffisant et l'aideraient à faire aboutir sa demande. Ma mémoire de masse personnelle consistait en bandes de papier perforé. Elles offraient une inépuisable source d'amusement : à la fin de la journée, on ramassait les minuscules confettis dans le perforateur et on les jetait dans les cheveux de quelqu'un. Quoi qu'on fit, l'électricité statique les maintenait dans la chevelure jusqu'à la fin du semestre. Même aujourd'hui, j'ai de ces bandes de papier dans ma boîte à souvenirs, et les regarder me fait chaud au coeur. Ma femme Sandy veut que je les jette. Argh j'avais aussi acheté une bande magnétique (!) et avais demandé aux opérateurs système d'enregistrer mes fichiers dessus. Ce qui avait probablement occupé deux mètres sur les 800 de la bande, mais quelle sensation !
Ce que je préfère, c'est cet éditorial, qui théorise un certain nombre de mes observations, y compris hors du monde de l'informatique :
Deuxieme Loi De Small (dite "Loi du chaos grandissant") :
"Dans un ensemble de données informatiques, le désordre va toujours en augmentant. Toute tentative de réparation ne fait qu'augmenter encore le désordre."

Je vous donne des conseils, je vous dis que ma Seconde loi est intuitivement évidente, que je l'ai toujours su… En fait, en un instant d'égarement et de naïveté, j'ai tenté de la violer, avec le brillant succès qu'on imagine. Que je vous raconte.

Il y a quelque temps, j'ai décidé que les différentes versions de la vingtaine de fichiers de Spectre 3. 1 commençaient à devenir ingérables. L'horodatage des fichiers par l'horloge interne du ST ne marche pas très bien pour moi (pour une raison que j'ai mis un bon bout de temps à découvrir). Et souvent, il me fallait aller compulser les différentes versions d'un fichier pour savoir laquelle était la bonne, la dernière! J'ai alors décidé, bêtement, sans réfléchir, de créer le disque dur parfait bien propre. J'ai donc pris un disque neuf mais déjà rôdé, qui avait assez tourné pour avoir dépassé le stade de la mortalité infantile. Et j'ai commencé à mettre chaque fichier à l'endroit approprié, accompagné de commentaires et de documentations. J'ai créé des dossiers, un par version de Spectre: "1.51", "1 .75","1.9F","2. 3K", "2.65", "2.65C", "3. O", "3.1Dev", plus toutes les versions intermédiaires que seuls ont vues les bétatesteurs. (Chaque saut de numéro de version constitue autant de sueur et de larmes passées en test et en débogage).

Pendant des jours et des jours, j'ai fouillé dans mes disquettes et mes cartouches Syquest. J'ai exhumé de vieilles versions, les ai vérifiées, copiées dans les bons dossiers. Un boulot fastidieux et rébarbatif où j'ai dépensé beaucoup d'énergie et de Pepsi.

Dans chaque dossier, j'ai tout vérifié en assemblant les fichiers et en recréant la version correspondante de Spectre, que j'ai ensuite comparée aux disques de productions, dont Sandy a été assez maligne pour garder un exemplaire pour chaque version, en me menaçant des pires châtiments si je ne les lui rendais pas promptement. Et chaque dossier a ensuite reçu un fichier de documentation.

Etais-je sot : j'ai même poussé le vice jusqu'à inclure sur ce disque les 19 versions bêta de Spectre 3. O. Puisque j'étais en train de faire LE disque parfait, autant les y mettre, n'est-ce pas ? Après tout, certaines applications Apple avaient montré une fâcheuse propension à tourner sur une version bêta mais pas sur la suivante (comme Pagemaker qui s'était mis à planter sur l'avant-dernière version bêta de Spectre 3. 0 ? un mauvais souvenir, il nous a fallu supprimer ce bogue en un temps record).

J'ai aussi récupéré ici et là des fichiers divers, comme des docs sur le clavier du Macintosh et les codes qu'il émettait. Comme les autres, il aboutirent dans des dossiers soigneusement documentés. Inutile de dire que tout cela a pris un grand nombre de mégaoctets.

Pour être sûr d'éviter les corruptions spontanées de fichiers, j'ai passé les fichiers à l'utitaire ARC. ARC compresse les fichiers, mais surtout, il calcule un CRC (Cyclic Reduncant Check, somme de contrôle redondant cyclique) pour chaque fichier. Il s'agit d'une sorte de signature du fichier, obtenue en calculant un polynôme avec chaque octet du fichier. Modifier un simple bit ou intervertir deux octet modifie le CRC, et il est presque impossible de modifier accidentellement le fichier en conservant le même CRC. J'ai donc fait une liste de tous les fichiers avec leur CRC. En cas de doute sur l'intégrité d'un fichier, je pouvais recalculer son CRC et voir s'il correspondait à celui de la liste.

Enfin, j'ai relancé un programme qui recalculait le CRC pour chacun des 1500 fichiers et le revérifiait par rapport à la liste. J'ai imprimé les fichiers de documentation pour en conserver une version sur papier.

Poussant un soupir satisfait, je me suis étiré, empli de la béatitude du devoir accompli. Je savais où se trouvait chaque fichier à cette seconde précise, et était certain de son intégrité. Il ne restait plus qu'à faire une sauvegarde de ce petit bijou d'ordre et de rigueur, qu'il m'avait fallu un bon mois pour fignoler… >En organisant ainsi tant de données, j'avais naturellement rempli mon barrage à ras bord, créant une situation d'entropie minimale et d'organisation maximale. J'avais défié les lois du chaos et violé la seconde loi de la thermodynamique appliquée à l'informatique. J'avais construit un château de cartes de vingt mètres de haut.

L'univers n'attendait que l'occasion de m'apprendre à vivre. Notez bien qu'avec l'astuce des CRC, le coup classique de la corruption sournoise des fichiers devenait impossible, car j'aurais pu le détecter. Il ne restait plus qu'une possibilité.

Comme vous le savez si vous avez lu mon article précédent, les lois de l'univers qui le vouent au chaos se mirent en oeuvre par l'intermédiaire de la mécanique quantique, et engendrèrent un continuum spatio-temporel dans lequel était inscrit mon tragique destin. Le destin en question consistant bien sûr à recevoir le fameux château de cartes sur la tête afin de niveler cet arrogant delta de haute organisation.

Innocemment, j'ai éteint le système pour y connecter un lecteur de bande magnétique. J'ai mis le lecteur et j'ai rallumé.

Le disque dur n'a pas réagi à l'allumage.

Mes cheveux se sont dressés sur ma tête et j'ai été pris de sueurs froides.

Pendant une semaine, j'ai tout essayé pour ressusciter ce disque. J'ai remplacé son circuit imprimé interne, son alimentation, je l'ai fait tourner à la main, je l'ai secoué pour décoller les têtes, enfin tout. En vain. Il était mort. Et je n'avais pas de sauvegarde. C'était la seule possibilité, elle s'était réalisée. Le delta avait été nivelé d'un coup. Paf.

Meuh non, dites-vous, j'ai malencontreusement envoyé une décharge d'électricité statique a ce pauvre disque, ou alors c'est le câble SCSI qui n'était pas bon, ou encore l'alimentation qui a claqué a l'allumage et a bousillé le disque… Ben voyons. Non, désolé, ça ne prend plus, les coïncidences, j'en ai trop vues. C'étaient les lois inexorables de l'univers qui venaient de frapper.

Depuis lors, j'ai pris l'habitude de ne jamais faire d'effort pour organiser mon disque dur. Oh, certes, je sais plus ou moins où sont mes fichiers, mais je me garde bien de trop augmenter mon niveau d'organisation, et d'attirer l'attention des implacables gardiens des lois de l'entropie. En outre, je laisse toujours une partition a l'état de chaos complet sur mon disque. Ce sacrifice aux dieux du désordre m'a jusqu'à présent évité leurs foudres.

Je sais, je sais, ça a l'air idiot. Mais en tout cas, ça marche. Mon taux de pannes de disques est a son niveau historique le plus bas. Un de mes lecteurs, un Syquest souffrant d'un problème de moteur de rotation, a même eu l'extrême obligeance d'avoir une embellie finale et de se remettre à fonctionner, ce qui m'a permis d'y récupérer des mégaoctets de données prises sur des serveurs télématiques, au prix d'innombrables heures de téléchargement. Le Syquest a ensuite définitivement rendu l'âme, cinq minutes après que j'y ai récupéré le dernier fichier. De quoi se poser des questions, non ?
J'adore cette histoire. D'abord elle est vraie, vérifiée, avérée. Je ne lui connais pas de contre-exemple, même hors informatique : le moment où l'on se dit : "C'est parfait" est toujours le moment où il vous arrive une tuile, le moment où l'on a enfin l'impression de maîtriser sa vie est toujours celui où elle vous échappe.
«je me garde […] d'attirer l'attention des implacables gardiens des lois de l'entropie. En outre, je laisse toujours une partition a l'état de chaos complet sur mon disque. Ce sacrifice aux dieux du désordre m'a jusqu'à présent évité leurs foudres.»
Il y a quelque chose de grec dans tout cela. Eviter d'attirer l'attention des dieux, règle de base. Personne ne se méfie autant que moi de l'ubris.
Et puis cela fait une excuse en béton pour que la maison ne soit jamais parfaitement en ordre.

Notre future maison

Il y a quelques temps H. discutait avec son coiffeur:
— Nous voudrions acheter une maison. Toi qui croises plein de monde, tu ne connaîtrais pas quelqu'un qui vend, par hasard?
— Si, moi.

Hervé connaît cette maison pour y être allé plusieurs fois dépanner l'ordinateur. Mais pas moi. Visite aujourd'hui. Il fait magnifiquement beau.

Le jardin est très grand, mais en fait nous n'en n'achèterons qu'une partie: le fond va être loti pour construction et le côté, sans clôture qui indique une limite, n'appartient pas au coiffeur. Il en a l'usage mais son propriétaire devrait lui aussi vendre la parcelle. Encore plus loin sur le côté un terrain clos et boisé est lui intouchable, sauf modification du POS.

La porte ouvre sur un couloir lambrissé. C'est très joli tout ce bois. L'escalier est en revanche très abîmé, presque blanc au niveau le plus usé des marches. Une pièce du rez-ce chaussée comporte une étagère, plutôt des casiers, sur tout le mur. Elle ou ils est remplie de 33 tours de jazz, c'est impressionnant.

A l'étage il n'y a que deux chambres, ce qui m'ennuie pour nos trois enfants. Dans celle du garçon (des propriétaires actuels) se trouve une cabane en bois fixée au mur, ce qui me ravit.
Le magnifique, c'est la baignoire monumentale en arc de cercle de la "suite parentale" sur fond de carreaux provençaux. C'est beau, cela fait envie (si je retrouve une photo, je la mettrai en ligne).
Cette pièce n'a de plafond que sur la moitié qui correspond au plancher d'une mezzanine, l'autre moitié monte jusqu'à la charpente, ce qui donne une hauteur de plafond appréciable (pour moi les plafonds sont toujours trop bas). Une porte sur la mezzanine permet d'accéder à un grenier sur le côté, au-dessus de la chambre des enfants.

C'est grand, c'est aéré. H. est enthousiaste. Il n'y a que deux chambres pour les enfants (plus la pièce des disques en bas, mais elle est en bas et la porte est vitrée), pas de garage. Surtout c'est toujours aussi loin de Paris. J'aurais préféré un appartement à Vincennes, quelque chose qui me permette d'aller travailler en vélo en cas de problèmes de transport (je suis obnubilée par la grève de 1995).
Mais H. est enthousiaste, il ne veut pas d'appartement plus petit plus près de Paris, il veut de la place, un jardin.
Bon, OK.

Ce n'est pas pour tout de suite: le coiffeur, Philippe, prévoit de déménager en juin 99. Nous allons signer une promesse d'achat et mettre notre appartement en vente.
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